Monaco-Matin

Soixante-huit ans de villégiatu­re à la Forge

- VALÉRIE ALLASIA vallasia@nicematin.fr

Formé très jeune à l’école nationale des Beaux-arts, Guillonnet participe en 1900 à l’exposition universell­e de Paris. Avec un décor monumental représenta­nt l’Asie, l’Afrique et l’Amérique, pour le pavillon du ministère des Colonies, il y reçoit une médaille d’argent. Grâce au président Émile Loubet, Guillonnet obtient son premier achat d’État lors du Salon des artistes français de 1901. En 1902, titulaire d’une bourse, il part un an en voyage d’études en Algérie où les couleurs et la lumière méditerran­éenne marquent définitive­ment son oeuvre. Il entre dans le mouvement Nabis du début du XXe siècle avec Matisse, Rouault, Derain, Dufy. Peintre figuratif, il était reconnu aussi bien en Espagne qu’aux États-Unis et en Amérique du Sud. Ses oeuvres sont exposées dans treize musées nationaux.

Enterré au village

L’histoire de celui qui fut aussi peintre officiel de la IIIe République est liée à celle de Carros au point qu’il a choisi d’y établir sa dernière demeure: né à Paris en 1872, décédé en 1967 à Mongeron à 95 ans, il est enterré au cimetière du village, au côté d’Eugénie Guillon, sa première femme, épousée en 1899, décédée en 1931. Sur leur tombe, cette épitaphe : « Étions deux, N’avions qu’un coeur. » Et ce malgré un remariage tardif en 1953. Après ce décès, il ajoutera le E d’Eugénie à l’ODV de sa signature sur tous ses tableaux. Ce qui permet de les dater bien qu’il l’ait parfois ajouté sur

des toiles antérieure­s à 1931. La sépulture se trouve non loin de celle de Noune Judlin, fille de Pierre-Emmanuel Clergue : ils furent amis des décennies durant.

Ami des Clergue-Judlin

Des liens étroits unissaient

depuis leur rencontre à Paris en 1899, le peintre et l’avocat, maire de Carros de 1878 à 1 895. Clergue invite alors Guillonnet et met à sa dispositio­n la bâtisse de « La Forge » à l’entrée du village. Le peintre y installe son atelier et en disposera jusqu’à la fin de sa vie en 1967… Soit autant d’années de villégiatu­res estivales à Carros. Le peintre Dominique Landucci occupe actuelleme­nt les lieux. Retour 60 ans plus tôt : Noune Clergue et pas encore Judlin « monte » à Paris en 1908, elle est hébergée par les Guillonnet. Chez le peintre officiel des sports, elle rencontre Robert Judlin, jeune champion de canoë, qu’elle épousera quelques années plus tard. Ce mariage renforce encore les liens unissant Guillonnet à la famille Clergue-Judlin. Noune deviendra ensuite reine du Félibrige pour son oeuvre poétique en langue provençale.

 ?? (DR) ?? Souvenir de , photo du peintre et de Noune Judlin, fille du maire de Carros de  à .
(DR) Souvenir de , photo du peintre et de Noune Judlin, fille du maire de Carros de  à .

Newspapers in French

Newspapers from Monaco