Monaco-Matin

L’état d’urgence prolongé une e fois

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Le Parlement a donné hier son feu vert à une sixième – et, en principe, dernière – prolongati­on de l’état d’urgence. En vigueur depuis les attentats du 13 novembre 2015, soit un record de durée ininterrom­pue depuis sa création pendant la guerre d’Algérie, ce régime d’exception devait s’arrêter au 15 juillet. Il durera finalement jusqu’au 1er novembre, le temps de voter la controvers­ée nouvelle loi antiterror­iste, qui pérenniser­a certaines mesures exceptionn­elles. «La menace terroriste demeure à un niveau extrêmemen­t élevé », a justifié le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, évoquant sept attentats déjoués depuis début 2017.

La France insoumise et le PCF seuls à voter contre

Mesure emblématiq­ue, le nombre de perquisiti­ons administra­tives a chuté de 3 500 dans les six premiers mois de ce régime d’exception à 161 dans les six derniers. Les assignatio­ns à résidence sont passées de 400 à 62. Le ministre de l’Intérieur y a vu la preuve d’opérations «plus ciblées» après « l’utilisatio­n massive » initiale. Le projet de loi, premier de cette nouvelle législatur­e, a été adopté à l’Assemblée par 137 voix contre 13, dans les mêmes termes qu’au Sénat. Il a été soutenu par les orateurs LR, PS et de la majorité, et par Gilbert Collard (FN), « au nom du principe de précaution ». Seuls les députés de La France insoumise et les communiste­s ont voté contre.

La mise en garde de douze organisati­ons

Douze organisati­ons (Amnesty Internatio­nal France, LDH, syndicat de la magistratu­re…) ont appelé les parlementa­ires «à ne pas se laisser abuser par l’idée que la France va sortir d’un régime d’exception, alors même qu’il s’agit de l’inscrire dans le marbre de la loi permanente ». L’exécutif entend confier de manière permanente aux préfets et au ministre de l’Intérieur le pouvoir d’assigner des individus dans un «périmètre géographiq­ue déterminé », et de perquisiti­onner de jour comme de nuit. La garde des Sceaux Nicole Belloubet a cependant assuré que ces dispositio­ns ne pourront être utilisées que pour prévenir «les actes de terrorisme», avec l’aval du juge de la liberté et de la détention. Mais « vous vous priverez d’outils opérationn­els en les plaçant sous le contrôle du juge », a lancé Eric Ciotti (LR), présentant d’avance plusieurs amendement­s pour durcir ce futur texte.

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