Au G, Trump obtient un geste sur le climat et le commerce
La déclaration finale prend acte du choix des USA de continuer à produire et vendre des énergies fossiles, et reconnaît le droit de mettre en place des mesures protectionnistes
Les dirigeants des grandes puissances mondiales ont accordé hier à Donald Trump des concessions sur les sujets très sensibles du commerce et du climat, dans l’espoir de le maintenir dans le giron du G20. La déclaration finale adoptée après deux jours de sommet sous haute tension à Hambourg (Allemagne) avec des manifestations violentes, porte la marque des controverses entre le nouveau gouvernement américain et le reste du monde. Concernant le climat, le G20 a pris acte de la sortie des ÉtatsUnis de l’Accord de Paris et de leur isolement sur la question. Tous les autres pays considèrent cet accord international «irréversible», mais les USA obtiennent le blanc-seing du G20 pour suivre une politique divergente: le texte dit qu’ils vont aider d’autres pays dans le monde à «avoir accès et à utiliser des énergies fossiles» .Il s’agit surtout pour eux de vendre leur gaz de schiste: ils ont notamment fait miroiter aux pays de l’Europe de l’Est, qui cherchent à réduire leur dépendance énergétique à l’égard de la Russie, la vente de gaz liquide américain.
«Effet de contagion»
Ce point du compromis a fait l’objet d’âpres débats, car plusieurs États redoutent «un effet de contagion», souligne un diplomate. Mais c’était le
prix à payer pour maintenir le lien avec Washington. Le président russe Vladimir Poutine a parlé d’un compromis «optimal», tandis qu’Emmanuel Macron – qui a annoncé qu’il convoquerait un sommet sur le sujet en décembre (lire cidessus) – a déclaré ne pas avoir perdu espoir de «convaincre» Donald Trump de changer un jour d’avis. Un «optimisme» qu’Angela Merkel a dit ne pas partager. En matière commerciale, le président américain inquiète depuis des mois ses partenaires par ses velléités protectionnistes, son slogan permanent sur «L’Amérique d’abord» et ses menaces d’appliquer des droits de douane à la Chine et à l’Europe dans l’acier ou l’automobile. Cette fois, les USA ont finalement accepté, après y avoir rechigné, de se rallier dans la déclaration finale à une condamnation du «protectionnisme». Mais en échange, le texte reconnaît pour la première fois le droit des pays victimes de pratiques de dumping de recourir à «des instruments légitimes de défense commerciale».