Monaco-Matin

Antonio Fargas: «Huggy les bons tuyaux, une question de survie »

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Il a bercé les jeunes fans de Starsky et Hutch à la toute fin des années soixante-dix. Entre Paul Michael Glaser et David Soul, Antonio Fargas campait l’indic sympathiqu­e, Huggy les bons tuyaux. Humanisme et charisme nonchalant caractéris­ent ce pilier de la « blaxploita­tion » qui ajoutait à son allure dégingandé­e un swag d’enfer avec pattes d’eph, col pelle à tarte et noeud pap. Un héros de notre enfance, donc, venu témoigner récemment au Festival TV de Monte-Carlo de son retour programmé. Fargas, guest-star de la série française Cherif, ressuscite­ra Huggy dans un épisode à découvrir en 2018 sur France 2.

Huggy est bientôt de retour ? Le producteur de la série a voulu me rencontrer. Il m’a exposé son idée : faire se rencontrer Kader Cherif et Huggy. Je lui ai demandé comment il comptait s’y prendre, il m’a expliqué que de nombreux policiers avaient eu la vocation en regardant Starsky et Hutch à la télévision. Dont Cherif. L’acteur lui-même, Abdelhafid Metalsi, m’a dit que le personnage de Huggy avait marqué son enfance.

Ce personnage est-il un peu lourd ? Pas du tout. C’est énorme. Je ne peux pas rencontrer un quinqua sans qu’il me parle de Huggy. J’aurais été à l’affiche d’une comédie musicale pendant dix ans à Broadway, je n’aurais pas touché un public aussi large. C’est tout le pouvoir de la télévision.

Et la gloire qu’il vous a donnée ? Je ne l’ai vraiment pas fait pour ça. Ni pour l’argent. Pour moi, travailler était une nécessité. Huggy les bons tuyaux, une question de survie. Il y a cinquante-sept ans, je n’étais pas censé être là où je suis aujourd’hui. Mais je suis là, avec le sentiment d’avoir fait un voyage spirituel. Tant d’autres acteurs auraient pu être choisis. Pourquoi moi ? Que représente pour vous le mouvement « blaxploita­tion »? C’était une opportunit­é de travailler, d’aller contre la discrimina­tion à l’écran. À l’époque de Starsky et Hutch, j’étais l’un des rares acteurs afroaméric­ains à la télévision. Des progrès ont été accomplis par la suite avec des gens comme Bill Cosby ou Will Smith.

Vous faites aussi de la musique. Un mot sur votre groupe ? La musique a toujours fait partie de ma vie. Dans mon esprit, elle était présente derrière chacun de mes rôles. Mettre ma voix au service d’un groupe, The New Jump Blues, c’était la possibilit­é de participer à des festivals de jazz, comme à Los Angeles, ou de faire un album. La musique est une facette parmi d’autres.

Une facette du même métier ? Chanter, c’est une autre façon de raconter une histoire. D’ailleurs, les bons interprète­s sont généraleme­nt de bons acteurs. Il faut un talent de comédien pour que le public ait envie de croire au scénario. Or, certains chanteurs miment leur texte, plus qu’ils ne le vivent. Nous avons tous le don de voir avec les oreilles et d’entendre avec les yeux. Moi, je ne l’oublie pas. Cela étant dit, quand je monte sur scène, c’est d’abord pour m’amuser.

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(Photo Jean-François Ottonello) Au Festival TV de Monte-Carlo où Antonio Fargas est venu annoncer son « come-back » dans une série bien française, Cherif.

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