Au Prieuré du Vieux-Logis à Nice, balade avec le fantôme d’un étrange curé
C’était une vieille ferme. Au moins deux fois centenaire au début du XXe siècle. Le bâtiment ocre trône au sommet d’une colline campagnarde de Saint-Barthélemy, à Nice Nord. En 1918, un dominicain farfelu en fait son logement personnel. Le révérend père Alfred Lemerre, prédicateur itinérant, transforme la bâtisse massive en faux prieuré. Entourée d’un jardin de curé…en forme de croix ! L’homme est probablement touché par la grâce, mais également par la manie des bibelots et des rangements... La maison, aux blasons de façade restaurés à la chaux par la fresquiste Ghislaine Buire, est devenue musée municipal labellisé. Elle grouille d’objets et de meubles. Crucifix, instruments de sacristie, saintes effigies sculptées, fragments de vitraux, bassines, chaudrons, moules à gâteaux, crochets pour suspendre les saucissons, cruches, plats, poêlons, chandeliers en cuivre ou en étain, buffets, vaisseliers, tables, armoires, bancs-coffres en chêne ou en noyer massif de style gothique… Tout cela fut récupéré lors de multiples pèlerinages en France. Cadeaux, ou achats. Mémoire des pierres, des plaques d’ardoise et des tommettes brunes. Le prieuré enferme, pour mieux la restituer aux visiteurs, la mystérieuse ambiance qui flotte dans les corridors étroits, le dédale d’escaliers, les passerelles, les salles petites, basses et sombres. « Le révérend père a cassé les murs pour créer une circulation qui n’existait pas dans la ferme», explique Bruno Martin, guide conférencier d’une érudition hallucinante. On y découvre les bureaux, la cuisine, la salle à manger, les cheminées, la chambre du prieur avec son lit à baldaquin d’époque Henri II et son lutrin monté sur l’aigle de saint Jean l’Évangéliste, la chapelle privée sous sa voûte étoilée, la sacristie renfermant des chasubles en soie brodée... Il y a comme une présence ici. Étrange sensation...