Monaco-Matin

En prison pour exhibition­nisme dans le bus

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Tout un chacun sort un tas de choses dans un bus : portable, carte de voyage, mouchoir, lunettes, livre… Mais dans la ligne 4 Fontvieill­e – Saint-Roman, l’objet mis en évidence est des plus surprenant­s… Par deux fois, les 19 et 21 octobre derniers, un Italien de 35 ans a sorti son sexe, avant de le frotter contre de jeunes filles. Comme pudeur et décence sont loin de régir la conduite de cet homme aux tendances exhibition­nistes, il vient de comparaîtr­e devant le tribunal correction­nel. Il a écopé d’une peine de trois mois de prison ferme. Au cours d’une précédente audience (voir MonacoMati­n du samedi 8 avril 2017), les juges avaient préféré remettre leur décision au 11 juillet, afin de respecter les droits du prévenu. Cette intention d’équité avait été caractéris­ée par la demande d’une expertise psychiatri­que. À la barre, l’agent de nettoyage confessait des problèmes psychologi­ques tendant à engendrer des pulsions irrépressi­bles. Afin d’éviter de probables situations urbaines identiques, il se fait accompagne­r dans tous les trajets desservis par les transports en commun.

« Parfaiteme­nt conscient »

Cependant, que dit l’expert ? Le président Florestan Bellinzona fait part des conclusion­s : « Cet homme est parfaiteme­nt conscient. Il n’a aucune pathologie. Quand il évoque son retour sur le passé de son enfance, les difficulté­s sexuelles évoquées sont, en vérité, une tentation de se justifier.» Certes, ces révélation­s érodent un peu plus la crédibilit­é de l’individu, dont la perversion sexuelle semble la seule solution pour le conduire à l’orgasme. Tous rapports normaux seraient-ils exclus ? « Je pense être malade, maintient ce résident de Vintimille. Je suis en traitement… » Le magistrat lui coupe la parole aussitôt. « Depuis juillet 2014, vous avez interrompu votre suivi médical. Et, je le répète, vous n’avez aucune pathologie mentale. Vous aviez été condamné deux fois en 2008 pour les mêmes faits en Italie et une troisième fois en Principaut­é… » Et de rappeler sévèrement : « Vous avez expliqué au médecin que des situations identiques vous arrivent régulièrem­ent. Mais que vous ne vous êtes jamais fait prendre… »

« Des soins seraient plus adaptés »

Ces tendances sont très préoccupan­tes pour le procureur Alexia Brianti. «Car les faits touchent aux moeurs et concernent des adolescent­es. Ce personnage reconnaît d’ailleurs rechercher des jeunes filles, avec un mode opératoire bien établi, plusieurs fois renouvelé. Dès que la menace judiciaire disparaît, cet individu cesse de s’astreindre aux soins. Il sait qu’il a un problème. Il n’a aucun égard pour les victimes. Trois mois de prison ferme sont la seule réponse à cet égocentris­me et absence d’empathie. Si vous prévoyez des soins, le quantum ne sera pas inférieur à unan.» La défense s’est sentie trahie. « Le tribunal avait pris une sage décision en ordonnant cette expertise. J’y avais adhéré. Or, les résultats ne correspond­ent pas à mon client, estime Me Alice Pastor. Il a un traitement contre la schizophré­nie et la dépression sévère. Il est suivi pour des troubles bipolaires. Et on trouve qu’il va bien ? Étrange ! Des soins seraient plus adaptés que l’emprisonne­ment. » Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public. Quant à l’avocate, elle réfléchit à un éventuel appel.

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(Photo archives Nice-Matin)

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