Monaco-Matin

Attentat: les photos de Paris Match qui offusquent

Le magazine a prévu de publier aujourd’hui des images du 14-Juillet extraites des bandes de vidéosurve­illance. Les associatio­ns de victimes sont vent debout

- SAHRA LAURENT slaurent@nicematin.fr

Le poids des mots, le choc des photos.» C’est le slogan du magazine français Paris Match. Et aujourd’hui, dans les kiosques, ce sont bien les photos qui choquent. Blessent. Offusquent. Les mots, eux, ont du mal à sortir du côté des associatio­ns de victimes, qui sont sidérées. En cause : la parution prévue, aujourd’hui, d’un sujet « Soudain le camion kamikaze», dans le cadre d’un reportage «Nice. 14 juillet 2016 », dans les pages de l’hebdomadai­re. Selon une source proche du dossier, il s’agirait de « photos qui montrent des corps entassés autour du camion. C’est l’indécence même ». Très vite, la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac) est montée au créneau.

« Ajouter une faute à la douleur »

«Pour marquer un peu plus dans leur chair les victimes à quelques heures du premier anniversai­re tragique de l’attentat [...] Paris Match a fait le choix éditorial assumé de publier des photos extraites des bandes de vidéosurve­illance de la Ville de Nice et placées sous scellés », développe Eric Morain, avocat de la Fenvac. Et d’appeler, aux côtés de l’associatio­n Promenade des anges, le « parquet antiterror­iste de Paris à faire cesser ce trouble manifestem­ent illicite» . Des images « trash » qui « portent atteinte à la dignité des victimes et de leurs proches », appuie la Fenvac. Un choix éditorial qui « ajoute une faute à la douleur. Personne n’avait besoin de cela», s’attriste Eric Morain. Christian Estrosi, maire de Nice, a vivement réagi qualifiant d’«insoutenab­les »etd’ «abjectes» ces images. Et de préciser: «Les images de la Ville de Nice ont été saisies par les services de la Sous-direction antiterror­iste placés sous l’autorité directe du parquet. Parce que la Ville de Nice n’a pas souhaité répondre à la demande d’effacement des bandes, le seul exemplaire aujourd’hui encore possédé par la Ville se trouve sous scellés chez un huissier et personne ne peut y accéder. » Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fenvac, martèle : « La liberté d’informatio­n est extrêmemen­t importante, mais il va falloir marquer un coup d’arrêt à tout cela. La souffrance des victimes ne peut pas se monnayer ». Il invite à marquer «un geste de solidarité» et prône le boycott du journal habitué à la polémique (1). « Il ne faut pas acheter ce journal ». Journal qui n’a pas répondu à nos sollicitat­ions.

La saisie des exemplaire­s demandée par référé

Le parquet de Paris aurait ouvert une enquête pour recel de violation du secret de l’instructio­n. Et le procureur de Paris, François Molins, aurait même engagé une procédure pour tenter d’interdire la diffusion et la vente de ce Paris Match du 13 juillet: selon nos informatio­ns, la saisie des exemplaire­s du magazine aurait été demandée par référé. 1. En janvier 2015, l’hebdomadai­re avait publié les photos des cadavres des terroriste­s Kouachi. Le directeur de la rédaction, Olivier Royant expliquait à l’époque : « On les publie parce que ce que ce sont des photos pour l’histoire ».

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