Monaco-Matin

Interventi­on du Raid à Antibes : l’émoi pour un pétard

- MARGOT DASQUE ET VINCENT BELLANGER antibes@nicematin.fr

Paralysé. Durant plus de trois heures, hier, le boulevard Wilson d’Antibes a été coupé à la circulatio­n. Rubalises enserrant le passage Marie-Antoinette, les forces de l’ordre se déploient le long de l’avenue. Police municipale, police nationale, Raid, chiens spécialisé­s dans la détection d’armes et d’explosifs ainsi qu’une trentaine de sapeurs-pompiers sur le qui-vive. Tous cristallis­ent leur attention sur le point sensible de l’après-midi : l’immeuble Le Saphir. Tandis que certains riverains se retrouvent confinés chez eux, les autres se voient refuser l’accès à leur domicile situé dans le périmètre de sécurité. Devant la pharmacie jouxtant le lycée Audiberti, l’inquiétude côtoie l’incompréhe­nsion sur les visages. « J’étais chez moi, j’ai entendu une détonation. Je me suis dit que ce n’était rien. Puis, on m’a demandé de sortir de la maison. Je me suis retrouvée ici, depuis j’attends. Qu’est-ce qu’il se passe ? » Plus les minutes passent, plus le temps se fait long sous le cagnard. La rue se transforme en salle d’attente. On trépigne en cherchant à joindre ses proches, parfois restés de l’autre côté du périmètre. Impossible de traverser.

« Au départ, nous avons été requis pour un coup de feu »

Pendant ce temps-là, la rumeur va bon train. Aussi bien sur le trottoir que sur les réseaux sociaux… « Un forcené retranché chez lui »,« Un homme en fuite qui aurait sauté du balcon »,« Une prise d’otage » et l’on va passer les meilleures versions du « Je n’ai rien entendu mais je vais tout de même vous raconter ». Évidemment, devant le déploiemen­t des forces avec casques lourds et armes au poing, les langues s’affolent. Et interprète­nt les premières Police nationale, police municipale, sapeurs-pompiers, Raid : le déploiemen­t des forces a été massif, hier, sur le boulevard Wilson d’Antibes.

informatio­ns conditionn­el. Une fois les rubalises ôtées, le dispositif levé, l’heure est à l’interrogat­ion. Le commissair­e central, Valérie Zettor, fait le point sur le déroulé de la journée : « Nous avons été requis pour un coup de feu. Après enquête de voisinage, plusieurs témoins ont affirmé avoir entendu une détonation. Nous avons déployé le dispositif. Avec le Raid, nous avons procédé à la levée de doute. Quatre appartemen­ts ont été perquisiti­onnés. » En cherchant la provenance

conjuguées

au

du bruit sourd – et donc d’un possible auteur dudit coup de feu –, les forces de l’ordre privilégie­nt au fil de l’après-midi la thèse du pétard à mèche. Mais n’excluent pour l’instant aucun autre scénario à ce stade de l’enquête. Si aucun blessé n’est à déplorer, une femme enceinte a été évacuée par les secours à l’hôpital de la Fontonne après avoir fait un malaise. Elle a pu regagner son logement en fin de journée, tout comme les autres riverains. Vient alors la grande question que tout le monde se pose : « Pourquoi autant d’agents pour un pétard ? » Bon sens oblige, il est aisé de comprendre que les policiers et sapeurs-pompiers ont été mobilisés en masse puisqu’ils s’attendaien­t au pire. « En période d’état d’urgence, à deux jours du 14 juillet, il était impossible de ne pas vérifier sur place avec autant de forces après un tel appel », souligne le commissair­e central devant les silhouette­s qui se dirigent vers la zone qui n’est plus sanctuaris­ée.

Sains et saufs ils retrouvent les leurs

17 h 30. Poussettes, minots, parents et toutous en laisse se voient escortés devant leur porte par les policiers nationaux. « Estce que vous habitez ici ? » Le flux d’entrées se contrôle. Au compte-gouttes. Pendant ce temps, les dernières constatati­ons d’usage touchent à leur fin. Du côté du boulevard Wilson, la circulatio­n reprend son bonhomme de chemin, les voitures, scooters et utilitaire­s reprennent d’assaut l’artère. Presque comme si de rien n’était. À la différence de la présence des véhicules portant les six lettres « police » sur leur carlingue, encore présents sur les lieux. À la différence des paires d’yeux aux balcons des résidences voisines qui restent rivés sur les mouvements en contrebas. À la différence­des mines soulagées qui se croisent discrèteme­nt dans l’immeuble qui a été le théâtre d’opération de la journée. Calme plat dans le bâtiment de cinq étages. Difficile de croire que, quelques minutes plus tôt, les semelles du Raid y ont dévalé les marches. Maintenant, les visages soulagés se croisent. Ils rentrent à la maison. Sains et saufs. Retrouver les leurs. Sains et saufs.

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(Photo Eric Ottino)

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