Migrants : améliorer l’accueil et accélérer les expulsions
Se posant en strict défenseur du droit d’asile, Edouard Philippe a présenté, hier, un plan pour gérer le flux migratoire sur le sol français
Plus de 12 000 places d’hébergement pour les demandeurs d’asile et les réfugiés, des efforts sur l’intégration, mais un durcissement des renvois pour les déboutés: le « plan migrants » présenté, hier, par le gouvernement vise à plus d’efficacité, en créant un poste de délégué interministériel. « Nous ne sommes pas à la hauteur de ce que doit être la France » envers les demandeurs d’asile et les réfugiés, a d’emblée résumé le Premier ministre Édouard Philippe, en dévoilant ce « plan d’action » qui doit s’accompagner, dès septembre 2017, d’un projet de loi. L’objectif est de « réduire considérablement les délais de procédure de demande », et les ramener à 6 mois contre 14 en 2016, ainsi que l’avait annoncé Emmanuel Macron en déplorant un dispositif « débordé de toutes parts ». Une ambition dans le droit fil de la précédente loi de réforme de l’asile, en juillet 2015, qui s’est trouvée sous-dimensionnée avec la crise des migrants. Cela suppose de réduire les délais d’enregistrement, de convocation à l’entretien et de traitement des dossiers à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) qui devra boucler l’instruction en deux mois d’ici la fin 2018 (contre 5 actuellement). A la clé, « une aug mentation des moyens » est prévue pour l’Ofpra, la cour d’appel et des guichets en préfecture (là ou commence la procédure). Le Premier ministre n’a pas chiffré ces mesures ni détaillé le budget de l’ensemble du plan. Côté associations, la Cimade a regretté un « énième ajustement d’une politique sans cap ».
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C’est une « déception annoncée », pour Thierry Kuhn, le président d’Emmaüs France. Pour la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), le plan « ne répond pas à l’urgente nécessité de redimensionner les capacités d’accueil ». Côté hébergement, « 4 000 places seront créées en 2018 » pour les demandeurs d’asile « et 3 500 en 2019 », soit une hausse de 10 % du dispositif existant. Effort également pour aider les réfugiés à accéder au logement autonome : « 5 000 places » d’hébergement provisoire seront créées. Mais le gouvernement enfonce le clou sur la distinction réfugiés/migrants économiques, qui inquiète les associations. Il faut « faire en sorte » que ces arrivants « comprennent qu’il ne sera pas possible d’accueillir la totalité des migrants économiques dans notre pays », a martelé M. Philippe. Le gouvernement compte aussi « redéfinir le cadre juridique de la rétention » –en clair, allonger la durée actuellement limitée à 45 jours. En ce qui concerne les migrants ayant laissé leurs empreintes dans un autre pays européen, censément compétent pour traiter leur demande d’asile, et qui se présentent de plus en plus nombreux à Paris ou à Calais, « 10 pôles seront i nstitués » en préfecture. Il s’agit d’augmenter le taux de transfert vers le pays européen de première entrée, qui plafonne aujourd’hui à 10 % environ.