Monaco-Matin

NicolasVau­de: « Je suis littéralem­ent hanté par les textes »

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Sur la place de la Castre au sommet du Suquet à Cannes, Nicolas Vaude avait le port altier et la chemise proprette d’un certain classicism­e. Avec le col relevé, les cheveux ébouriffés et le jean troué dignes d’une rock star ! Tout Nicolas Vaude est là. Un romantique exalté, qui pourrait aussi interpréte­r du Gallagher (Oasis) ! « Je déteste l’expression bipolaire qui est galvaudée, mais j’ai une certaine versatilit­é en moi, reconnaît le comédien à courant alternatif. Vous savez, on est tous plusieurs en nous mêmes, mais l’art du comédien autorise à laisser entrer et sortir plusieurs personnes ». Attention, la folie du jeu n’est pas loin ! Une addiction que Nicolas a contractée tout jeune, quand les grands textes lui sont devenus aussi sacrés qu’une révélation. « J’ai découvert le théâtre à 12 ans avec le Concours interscola­ire de Versailles, et depuis, je suis complèteme­nt investi. Je ne vis que pour ça, et mes enfants », s’emballe le quinquagén­aire, qui a conservé l’allure et l’allant d’un jeune premier. «En fait, je suis hanté par les textes. Vraiment. J’en rêve la nuit, et je les récite en marchant. C’est ma vie, les textes… » Pour le Festival Notes et Plumes à Cannes, c’est à un autre fantôme qu’il a prêté sa voix. Le compositeu­r Robert Schumann. Fantasque, lui aussi. « C’est un musicien qui me bouleverse, un homme au bord de la folie, qui ne vivait que pour son art. Il avait des papillons noirs dans la tête (sic), mais c’est un génie. » Des mots pour lui rendre hommage, accompagné­s d’Yves Henry au piano. Lui n’en joue pas, mais l’univers musical parle aussi à l’arrière petit-fils du violoniste Jacques Thibaud. « J’ai découvert Schumann avec mon arrière-grand-père, et le concerto pour piano est une de mes oeuvres préférées. Mais je ne suis pas doué pour en jouer. » À chacun sa partition. Et à défaut de cirer brillammen­t les bancs d’école, c’est sur les planches que le petit Nicolas a trouvé son salut. « Je travaillai­s très mal à l’école et pour me punir, mes parents m’ont privé de théâtre au lycée. J’en ai pleuré en voyant les copains sur scène, en me disant que je ne pouvais pas faire autre chose. Du coup, je suis subitement devenu un bon élève ! » Avec pour mentor dans cet âpre métier, un certain… Jean-Pierre Marielle. « Ah, je l’adore, au même titre que Robert Hirsch ou Claude Rich. Marielle, c’est mon papa de théâtre », s’attendrit un Vaude empli de reconnaiss­ance. De l’or en barre pour jouer Octave dans Clérambard .« Il m’a choisi alors que j’avais eu un petit fou rire pendant l’audition. Il m’a dit qu’il s’y était reconnu ! » Une nomination au Molière de la révélation, et Nicolas Vaude n’a plus cessé de jouer, de pièces en pièces tel Le Passe-murailles. Une consécrati­on publique et critique avec Le Neveu de Rameau : « Un texte magnifique, on l’a joué 600 fois ! ». Y compris devant des prisonnier­s à Fresnes et des jeunes de banlieue, où Nicolas a eu droit de cité : « C’était génial, un super public, beaucoup plus spontané et réceptif qu’un public bourgeois. Quand ça leur plaît, c’est une récompense majeure ». Classique, mais rock’n’roll !

 ?? (Photo Patrice Lapoirie) ?? Ce n’est pas lui qui a joué du piano lors du Festival Notes et Plumes de Cannes, mais Nicolas Vaude a joué de son reflet pour interpréte­r le compositeu­r Robert Schumann avec ses mots. Sous la tunique du majordome Gauthier dans Largo Winch ,un comédien...
(Photo Patrice Lapoirie) Ce n’est pas lui qui a joué du piano lors du Festival Notes et Plumes de Cannes, mais Nicolas Vaude a joué de son reflet pour interpréte­r le compositeu­r Robert Schumann avec ses mots. Sous la tunique du majordome Gauthier dans Largo Winch ,un comédien...

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