Monaco-Matin

Quatre et six mois de prison ferme pour les passeurs de migrants cannois

- G. L.

Deux jeunes cannois de 22 ans, «copains comme cochons», comme ils l’ont déclaré hier à la barre du tribunal correction­nel de Nice, ont été condamnés hier à quatre et six mois de prison ferme, sans mandat de dépôt, pour aide au transport d’étrangers en situation irrégulièr­e. Ils avaient été contrôlés jeudi dernier à la sortie de l’autoroute à Menton, avec un couple de Nigérians sans papiers à bord. Il était presque huit heures du matin. Le conducteur, fils d’un restaurate­ur cannois chez lequel il travaille comme barman, ne devait en théorie pas se retrouver au volant de sa 206. Il n’avait plus de permis. Face à la présidente, Anne Vincent, qui l’a placé face à ses contradict­ions, il a été obligé d’admettre qu’il avait menti en audition, pendant sa garde à vue. « J’étais paniqué que mon cas s’aggrave avec ce problème de permis. » Le conducteur affirme avoir trouvé le couple faisant du stop sur la bande d’arrêt d’urgence, après le péage d’entrée de Vintimille. Son passager s’avoue incapable de confirmer l’exactitude de la déclaratio­n, il affirme avoir trop bu ce soir-là. « Je fêtais mon bac. » Diplôme obtenu sept jours plus tôt avec mention assez bien.

Une grosse somme d’argent retrouvée

Le conducteur explique qu’il voulait simplement « secourir le couple au bord de la route. La fille paraissait petite, mineure ». Problème, quand les enquêteurs ont fouillé la voiture, ils ont mis la main sur une forte somme en liquide, en petites coupures. « C’est de l’argent gagné dans mon travail, au restaurant de mon père », a affirmé le conducteur, son avocat fournissan­t une attestatio­n du paternel et du comptable du resto. Les migrants ont nié avoir donné de l’argent. Comment expliquer également ses 23 passages vers l’Italie, depuis le 1er avril, de nuit, entre 1h18 et 3h33 du matin? Le jeune homme affirme qu’il ne peut dormir après le travail et qu’il y va pour voir un copain ou acheter des cigarettes. Ce qu’il a d’ailleurs fait cette nuit-là. Contrits, les deux jeunes gens, primo délinquant­s, ont semblé un peu perdus dans le box. « J’ai été complèteme­nt inconscien­t, je n’ai pas réfléchi aux conséquenc­es », dira le conducteur. Conséquenc­es qui auraient pu être très lourdes, ils encouraien­t en effet cinq ans de prison. Le procureur, Anne Dagaib, a requis six mois avec sursis. Pour Me Malaurie Bertei et Me Philippe Soussi, il s’agit là d’un « acte inconsidér­é » et aucunement un business. « L’espérance de vie sur une bande d’arrêt d’urgence est de vingt minutes, ils ont voulu leur venir en aide. » Me Bertei, pour le passager, a exhorté le tribunal à ne pas hypothéque­r la vie d’un jeune homme venant de passer et d’obtenir son bac. Ils seront finalement condamnés à six mois pour le conducteur, avec confiscati­on du véhicule et des sommes saisies, et quatre mois pour le passager.

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