Monaco-Matin

L’agent du lycée condamné pour un «acte obscène»

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Un employé du lycée Albert-Ier a comparu devant le tribunal correction­nel pour répondre d’un comporteme­nt déplacé à l’égard d’une élève, mineure de surcroît. Il est soupçonné d’avoir, au selfservic­e de l’établissem­ent, embrassé de force la lycéenne tout en lui touchant les fesses. Les juges ont condamné ce Monégasque quinquagén­aire à une peine de quatre mois d’emprisonne­ment avec sursis, liberté d’épreuve pendant trois ans, obligation de soins. Il devra également verser l’euro symbolique réclamé par la victime. Une victime qui a préféré ne pas se présenter à l’audience, probableme­nt pour ne pas avoir à revivre l’agression. Elle était représenté­e par son conseil.

« La seule personne que j’ai draguée, c’est ma femme»

Le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e a commencé par décortique­r les faits survenus le 20 octobre dernier à l’heure du déjeuner. « Vous souvenez-vous d’avoir eu une conversati­on avec la lycéenne ? », demande-t-il au prévenu qui conteste d’emblée toute faute. « Je ne la connais pas , répond-il. Et on n’a pas le droit de parler aux élèves. Les seuls mineurs que j’embrasse, ce sont mes petits-enfants… » Le magistrat reprend quelques passages de la déposition de la plaignante, au moment où elle a déposé son plateau : «Un agent de service m’a appelé par mon prénom. C’est flippant ! Il m’a dit qu’il habitait Fontvieill­e et m’a demandé mon numéro de téléphone en disant : “Je t’aime bien, je voudrais te revoir…” Puis il m’a fait une bise appuyée en posant sa main sur ma fesse droite. J’étais choquée. J’en ai parlé à mes copines. » L’employé persiste dans ses dénégation­s. « Un témoin raconte qu’en février 2014, poursuit le président, vous l’aviez embrassée en la tenant par la taille. Une autre copine affirme: “J’ai eu des soucis avec cet individu en mars 2016. Il me tournait autour avec un regard insistant et un comporteme­nt pervers et il a commencé à me parler du genre “Je te vois souvent seule et ça me fait de la peine“. » Le fautif affirme ne pas connaître la fille qui a témoigné et concernant la seconde, c’était un compliment. Il nie formelleme­nt les autres accusation­s à la barre. «Comment expliquez-vous, rectifie le président, qu’un surveillan­t s’est senti obligé d’intervenir, et que le proviseur vous ait fait des reproches sur votre comporteme­nt ? Avez-vous vu un psychologu­e ? » Réponse catégoriqu­e : « Non ! Je n’ai rien fait de mal. Je suis peut-être trop familier, mais sans arrière-pensées. J’ai fait une seule chose : mon travail ! Je suis bien dans ma tête. La seule personne que j’ai draguée, c’est ma femme… »

Un «fantasme d’adolescent­e » ?

La partie civile s’interroge : «Je suis en face d’une personne dans le déni total, constate Me Thomas Giaccardi. Faut-il donner du crédit aux affirmatio­ns de ma cliente ou aux dénégation­s du prévenu ? C’est un mode de défense inquiétant. Monsieur est un menteur profession­nel qui a une pathologie… Nous réclamons l’euro symbolique. » L’avocat n’est pas le seul à relever que le prévenu ne répond qu’à demi-mot dans la recherche fastidieus­e de la vérité. Le procureur Alexia Brianti aussi. «La victime n’a aucune raison de mentir. Cet homme, à la personnali­té inquiétant­e, serait victime d’un complot. Or, embrasser une élève de 17 ans est un acte impudique, obscène. On est dans une école publique. Afin qu’il se tienne à carreau, je requiers six à huit mois d’emprisonne­ment assortis du sursis. » La défense instillera le doute. « Y a-t-il dans ce dossier une preuve de culpabilit­é ? clame Me Franck Michel. Les faits se sont-ils produits ? Il n’y a aucun témoin et une présomptio­n d’innocence. Les déclaratio­ns de l’une et de l’autre ne sont pas des éléments probants. Donc, on n’a rien ! On fait tout pour monter ce dossier en épingle. Mettre la main sur la hanche, embrasser sur la joue, cela n’a rien d’obscène. La victime n’est-elle pas mythomane ? Cette histoire, c’est du fantasme d’adolescent­e. Mon client est peut-être maladroit, mais ce n’est pas un pervers. Si vous le condamnez, il perd son poste… » Le tribunal optera pour une réduction des réquisitio­ns du ministère public.

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(Photo Jean-François Ottonello) Une lycéenne de  ans accuse un agent de service du lycée Albert-Ier de l’avoir embrassée de force en lui mettant la main sur les fesses.

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