Monaco-Matin

La justice prône la parité dans une affaire niçoise

La Cour de cassation a rejeté le pourvoi d’un ancien employé de la régie des transports qui estimait qu’un avantage accordé aux femmes le 8 mars était contraire à l’égalité des sexes

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Non, accorder une demijourné­e de congé au personnel féminin à l’occasion de la Journée internatio­nale des droits des Femmes n’est pas discrimina­toire envers les hommes. Non, cela n’est pas contraire au principe de l’égalité de traitement entre les sexes au sein de l’entreprise. Oui, cela contribue à garantir l’égalité des chances. Et ce ne sont pas les associatio­ns qui le réclament mais bien la Justice qui l’affirme.

Que dit la Cour de cassation ?

Elle a rendu un arrêt le 12 juillet qui stipule qu’octroyer un demijour de congé à ses salariées le 8 mars, n’était pas contraire à l’égalité entre les sexes. Ce n’est pas une surprise, cela s’inscrit dans l’évolution de la jurisprude­nce et du droit de l’Union européenne. Cette réaffirmat­ion a été possible grâce à l’action (ratée) d’un Azuréen. Un ancien employé de la ST2N (devenue la Régie Ligne d’Azur en charge des transports en commun de la Métropole NiceCôte d’Azur) a attaqué son employeur de l’époque. Parmi ses arguments, il avançait la rupture d’égalité entre hommes et femmes du fait que ces dernières bénéficiai­ent d’un demi-jour de congé pour la Journée internatio­nale des droits des Femmes. Débouté en première instance puis en appel, l’homme s’était pourvu en cassation sans plus de succès.

Sur quoi la Cour de cassation fonde son arrêt ?

Déjà, il faut comprendre qu’elle se base sur le droit français mais aussi sur le droit européen et sur la jurisprude­nce de la Cour de justice de l’Union européenne. Elle a relevé qu’à l’époque, la ST2N avait un accord collectif d’entreprise qui prévoyait cette demi-journée de congé pour les femmes le 8 mars. Le salarié avait attaqué l’employeur entre autres parce qu’il estimait que c’était contraire au principe d’égalité de traitement. Sauf que ce type de mesure relève en droit français des conditions de travail, pas d’une question de rémunérati­on. Or, dans les conditions de travail figure la notion d’égalité des chances.

En clair qu’est-ce que ça signifie ?

C’est là-dessus que se base la Cour de cassation. Le droit européen valide lui aussi les discrimina­tions positives en faveur des femmes pour assurer l’égalité des chances. Concrèteme­nt, on sait bien que les hommes et les femmes ne sont pas égaux face à l’emploi. Donc octroyer des avantages tels qu’une demi-journée de congé pour marquer cette Journée internatio­nale constitue une mesure en faveur de l’égalité des chances. Par ailleurs, la note explicativ­e de l’arrêt (n° 2015 du 12 juillet), dit bien que « les manifestat­ions de quelque forme qu’elles soient, le 8 mars, permettent de susciter une réflexion sur la situation spécifique des femmes au travail et sur les moyens de l’améliorer ». En somme, un homme qui ne bénéficie pas de ce « cadeau » d’environ 3h30 de travail sur 1607 heures par an n’est pas manifestem­ent désavantag­é par rapport à ses collègues féminines. En revanche, il est invité à réfléchir sur les progrès qu’il reste à faire en matière d’égalité.

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(Photo Frantz Bouton) La Cour de cassation a tranché : accorder un avantage tel qu’une demi-journée de congé aux femmes le  mars est une manière d’assurer le principe d’égalité des chances.

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