Monaco-Matin

Le soir où Santana fit cesser la pluie dans la pinède

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Tous les jours, jusqu’à la fin de Jazz à Juan, notre journalist­e Robert « Bob » Yvon ouvre sa malle aux souvenirs. Sous son légendaire chapeau, trente-cinq ans de festival refont surface ! Jouera ou jouera pas ? Ce soir-là du 19 juillet 2011, Carlos Santana est la superstar du festival. On l’attend depuis longtemps sur la scène de la pinède où il n’est plus monté depuis 1993. En fin d’après-midi, un orage violent s’abat sur Juan-les-Pins. Il pleut encore à verse à l’heure de l’ouverture des portes. Le public, pourtant, est au rendez-vous. La direction fait patienter la foule, puis décide d’annuler le set du guitariste et chanteur Robert Randolph, programmé en première partie. Finalement, vers 22 heures, la pluie s’arrête. Le Japonais Fuji, spécialist­e de l’oeuvre de Coltrane et ami intime de Santana, me donne un backstage spécial de la tournée. Avec ce précieux Sésame, j’espère pouvoir rencontrer la star qui n’a pas prévu de donner d’interview à la presse. Je me glisse en coulisses. J’y retrouve tous les vrais amis du jazz, dont le regretté Michel Delorme, son épouse Arlette et sa fille Marianne. Fuji me précède. Il veut offrir des photos de Coltrane à Carlos. Avant d’aller le saluer dans sa loge, il a la gentilless­e de me présenter le staff du musicien. Santana arrive, salue le directeur artistique Jean-René Palacio et Robert Randolph, un jeune musicien qu’il veut présenter au public. Il s’approche ensuite Fuji qui me présente rapidement. Santana me serre la pince puis s’adresse à son ami : «Tu vois Fuji, Coltrane est avec nous. La pluie a cessé et je vais jouer à Juan-lesPins. Je te promets, ce soir, je jouerai un peu de Coltrane pour vous. A love supreme sans doute. Viens avec moi ». Fuji et Santana s’éclipsent. Mon ami japonais revient quelques instants plus tard : « Je suis désolé, Bob, je n’ai pas pu t’obtenir d’interview, Mais tu peux garder le pass, je te l’offre ». Un peu déçu, mais tout de même ravi d’avoir croisé l’interprète d’Europa, Bon, je serre mon collector dans ma main et je m’installe au parterre. Ce soir-là, après la pluie, il y avait beaucoup de vent. En plein concert, à minuit, les musiciens interrompe­nt le set et joue à Santana Happy birthday to you. C’est en effet l’anniversai­re de la star. Comme promis, il fait monter sur scène Robert Randolph puis regagne le backstage. Je passe également en coulisses, juste le temps de voir Carlos embrasser son épouse Cindy Blackman, batteuse de jazz. Du coup, je m’éclipse. Tout journalist­e doit savoir, parfois, céder la place et se montrer discret.

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