Christian Estrosi: «Penser les choix territoriaux sans brûler les étapes»
Christian Estrosi, qui a assisté hier matin à Paris aux obsèques de Max Gallo, a ensuite contacté Nice-Matin. Pour expliquer qu’il ne partageait pas nos craintes de voir ses divergences actuelles avec Eric Ciotti parasiter la refonte territoriale voulue par Emmanuel Macron. Et, en particulier, la possible absorption de compétences du Département par la métropole Nice Côte d’Azur (nos éditions d’hier). Pour lui, c’est un aspect marginal, pour ne pas dire caricatural, du sujet. « Moi, je travaille pour Nice et l’intérêt général, nous a-t-il martelé. La question est juste de savoir ce qui peut être bon pour la croissance et la lutte contre le chômage. Les différends nationaux que j’ai avec Eric Ciotti n’auront pas d’incidence sur ce débat. Le moment venu, j’en discuterai avec le président du conseil départemental, mais aussi tous les élus, maires et conseillers départementaux concernés.» Le président de la Métropole a toutefois posé quelques jalons, tout en précisant qu’il n’était en rien pressé de voir une éventuelle fusion Métropole - Département aboutir, balayant toute velléité expansionniste.
«J’en ai soupé des transferts non financés»
« Pour moi, assure-t-il, le plus important est de ne pas sacrifier la cellule de base que demeure la commune. Pour le reste, c’est avec les associations d’élus et la Conférence nationale des territoires qui vient d’être créée qu’il faudra voir, sans brûler les étapes, quels sont les choix les plus pertinents, en fonction des ressources transférées ou pas. Vous savez, j’en ai soupé des transferts de compétences non financés. Si la situation reste en l’état, ça me va très bien également. » Sur le fond, il souligne que la métropole NCA, qu’il préside depuis début 2012, a été la première lancée en France et que cela s’est fait en parfaite intelligence avec le conseil départemental. « Aujourd’hui, les projets qui se réalisent sont librement consentis, avec un partage des compétences en matière de voirie, d’assainissement, d’économie… En toutes circonstances, la Métropole a toujours collaboré avec le Département, comme en matière de solidarité et de lutte contre les inondations, où nous avons créé un syndicat mixte dont la présidence a été laissée au Département. »
«L’intérêt général»
Christian Estrosi de conclure, pour être sûr qu’on l’a bien compris : « Mon état d’esprit relève de l’écoute et de la concertation. Depuis les lois Defferre de 1982, on n’a cessé de franchir des étapes en matière de décentralisation. On ne peut décréter à l’emporte-pièce que tel ou tel échelon doit l’emporter sur un autre. Nous allons avoir à penser collectivement, quelles que soient nos appartenances politiques, les meilleures réformes à mettre en oeuvre pour servir l’intérêt général. Les conflits de personnes ne m’intéressent pas. Je les laisse de côté. » La balle est dans le camp d’Eric Ciotti ou, plus sûrement, de son très probable successeur, Charles-Ange Ginésy, qui aura dans quelques mois à se saisir de ce dossier. Brûlant, malgré tout.