Monaco-Matin

Joe Sumner: « Sting a été un père trop souvent absent »

- ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

Joe Sumner et son père, Sting, avant-hier soir dans les coulisses de la PinèdeGoul­d. Quelques minutes plus tard, ils ont croisé leurs voix – étrangemen­t similaires – sur la scène mythique de Jazz à Juan.

De son propre aveu, Sting a rarement fait de cadeaux à ses six enfants. Pourtant avant-hier, à Juan-les-Pins, l’ex-leader de Police a fait changer le programme de la soirée. Avant le set programmé de Hiromi et Edmar Castañeda , il a imposé au dernier moment un mini-récital de son fils Joe. Et s’est offert un duo inédit à la guitare avec son aîné, une version acoustique de Heading Song Of The Great North Road tirée de son dernier opus. « Je n’aime que deux titres de cet album : celui que nous chantons ensemble et “If You Can’t Love Me”, confie en coulisses Joe Somner, quelques minutes avant de monter sur scène. Je n’étais pas un grand fan de la musique de mon père quand j’étais jeune. Je préférais Nirvana à Police, au point que je jouais du grunge. Je suis revenu plus tard au rock et à la folk ». Le chanteur, bassiste et guitariste du groupe Fiction Plane, apprécie le coup de pouce donné par son père qui l’a invité à le suivre sur sa tournée d’été. Non sans exprimer des sentiments ambigus : « C’est étrange d’être le fils de Sting et de partager la scène avec lui. Je suis dans l’ombre de mon père. Mais j’aurais mauvaise grâce à me plaindre. Mon père n’a pas souvent été présent pour moi. Il était même trop souvent absent. J’en ai sûrement souffert. Je suis moi-même un père maintenant. J’ai quatre enfants ; le dernier a deux ans. Mais pour être auprès de ma femme et de mes enfants, j’ai laissé de côté mon métier. Je ne voulais pas commettre les mêmes erreurs que mon père. Ces derniers temps, pourtant, je ne me sentais pas bien. Je n’arrivais pas à trouver mon équilibre ma famille, mon job sur Internet et la musique. Mon père a senti que j’avais besoin de retrouver la scène, d’exprimer ma propre musique. On avait déjà eu l’occasion de travailler ensemble, mais jamais sur une tournée européenne. Il m’a fait ce cadeau. Le plus difficile, c’est d’avoir accepté l’idée de m’éloigner un an de mes proches. Je sais que c’est dur pour eux. Mais il me faut retrouver mon équilibre. Près de mon père, je pense que ça va marcher »… Joe ressemble à Sting. Physiqueme­nt, bien sûr, mais aussi vocalement. «On a beaucoup de points communs, confirme Sumner. Mais je vois cela comme un handicap : c’est difficile de trouver mon territoire. J’ai 40 ans et je suis encore en train de chercher ma voie ! » Le fils de Sting assure « refuser de faire des concession­s. » Comprenez : contrairem­ent à papa… «Mon père a tout lâché pour être une pop star, confirme Joe. Il voulait réussir à tout prix, devenir une icône, fabriquer une image et créer un son. Il a réussi et j’en suis fier pour lui. » La réserve attendue ne vient pas. Le bassiste secoue la tête puis reprend: «Ce qu’il faut dire, tout de même, c’est qu’il m’a aidé sans que j’ai besoin de le lui demander. Le guitariste Dominic Miller est également présent avec son fils. Du coup, cela devient une vraie tournée familiale ».

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(Photo Sébastien Botella)
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