Dominique, sapeur-pompier : « Je ne suis pas un héros »

Brûlé au second degré sur l’incendie de La Croix-Valmer, le « petit soldat du feu », comme il se présente, est prêt à retourner au combat dès qu’il sera remis de ses blessures

Il est rentré chez lui mardi, après avoir été la victime la plus sérieuse des incendies dans le département (lire en encadré) .Dominique sapeur-pompier volontaire dans le Haut-Var depuis treize ans, a été blessé alors qu’il était engagé, comme conducteur d’un véhicule, sur le feu de La Croix-Valmer, lundi soir. Cet homme de 55 ans, passionné par son engagement dans la sécurité civile, nous confie ses impressions. Je suis un petit peu abîmé, brûlé au deuxième degré profond, selon le médecin de l’hôpital de la Conception. J’ai été touché à l’arrière des jambes et sur le côté gauche du visage. J’ai quinze jours d’arrêt de travail.

Comment avez-vous été pris en charge ? J’ai d’abord été emmené au pôle de santé de Gassin. Ils ont commencé à me traiter, très bien d’ailleurs. Ils m’ont mis une bande avec un produit qui fait un bien fou. Ça donne une sensation de froid, parce que quand ça brûle, c’est très douloureux. Et ça aide à cicatriser. Mais vu l’état de mes brûlures, j’ai été transporté en ambulance au centre des brûlés interrégional Méditerranée, qui se trouve à l’hôpital de la Conception à Marseille. Ils ont du sacré matériel ! Ils ont refait les pansements. Je suis sorti mardi matin. Un infirmier doit venir refaire mes pansements tous les deux jours. Aurez-vous des séquelles? Je vais garder des marques au visage, ça m’embête un peu. Et je dois aller voir un ophtalmo, parce que j’aurai peut-être quelque chose à l’oeil gauche.

Dans quelles circonstances avez-vous été brûlé? Je ne peux pas vous le dire.

Avez-vous eu peur ? Le feu nous est passé dessus. Nous, on avait un champ de vignes derrière, on avait  mètres à faire pour se réfugier. J’ai été choqué de ne plus voir le camion qui était devant le nôtre. Il était dans le noir, enfumé. Nous aussi. Quand vous savez que vos collègues sont dedans et que vous ne voyez rien, ça fait peur. Heureusement, ils vont bien. L’un de mes collègues a été brûlé à la main.

Que pensez-vous des personnes qui regardent les incendies, qui photographient, filment, comme si c’était un spectacle, alors qu’il y a des vies derrière ? On ne peut pas les en empêcher. Pour eux, les flammes, les pompiers, c’est un spectacle. Oui, il y a des vies humaines làdessous. Mais le héros ce n’est pas moi. D’autres sont plus sévèrement blessés, dans le Vaucluse je crois. Et derrière nous, il y a des familles, des mamans qui s’inquiètent, comme la mienne, lorsque j’ai débuté à  ans, et comme ma compagne, qui a eu très peur lorsqu’elle a su qu’on me transférait à Marseille.

Pourquoi êtes-vous sapeur-pompier volontaire ? Quand on est jeune et qu’on entend « pin-pon », on a envie d’y aller ! J’ai commencé en  je crois, pendant trois ans et demi à La Londe. Ensuite, j’ai été commerçant, ce n’était plus possible. On ne peut pas faire les deux. Depuis  que je suis à Comps, j’ai repris. Je suis le petit soldat du feu. J’ai un fils, qui n’est pas sapeurpompier volontaire. Et c’est tant mieux. Les familles sont mises à rude épreuve. Et quand il y a des malheurs, elles sont en grande souffrance.

Retournerez-vous au feu ? Bien sûr, ça ne me dérange pas. Il faut juste le temps de me remettre. (1) Nous ne publions pas son nom pour respecter son devoir de réserve, car Dominique est militaire.

(Photos SDIS ) Comment allez-vous ? Le camion que conduisait Dominique va être réparé dans les ateliers du service départemental d’incendie et de secours à Draguignan. Les pneus ont déjà été changés. Le rétroviseur, des tuyaux et diverses pièces ont fondu......