Monaco-Matin

Le SDF vole du parfum «pour ne pas sentir mauvais»

- J.-M.F.

Les surveillan­ces et investigat­ions des patrouille­s nocturnes de la Sûreté publique ont permis d’éviter, dans la nuit du mercredi 19 juillet, des vols en série sur le boulevard des Moulins. Vers 1h25, au niveau de l’église Saint-Charles, les policiers ont interpellé en flagrant délit un SDF qui se fondait dans l’obscurité au moment de pénétrer dans une voiture Suzuki. Conduit dans les locaux de la rue Suffren-Reymond, ce quadragéna­ire français a reconnu avoir ouvert l’auto afin de passer la nuit dans l’habitacle. Mais au cours de la palpation, les fonctionna­ires ont retrouvé dans ses affaires un flacon de parfum Chanel. La subtile fragrance appartenai­t à la propriétai­re du véhicule… À l’issue de sa comparutio­n, menotté, devant le tribunal correction­nel, il a écopé d’une peine de prison d’un mois ferme.

Plusieurs vols évités

Le prévenu avait nié le vol au cours de sa garde à vue. Mais en exploitant les enregistre­ments de vidéosurve­illance, les enquêteurs ont constaté que cet homme s’est penché à l’intérieur du coffre. Auparavant, il avait tenté, à plusieurs reprises, de soulever les selles des deux-roues et d’ouvrir des portières de voitures en stationnem­ent. Il avait même essayé de pousser quelques portes de commerces… «Les policiers, note le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e, vous avaient déjà contrôlé au rond-point Wurtemberg et conduit au CHPG. Vous reconnaiss­ez avoir ouvert le véhicule ? » Le prévenu avoue. Avait-il l’intention de revendre le flacon ? « Non ,répond-il au magistrat. C’était pour ne pas sentir mauvais. » À la question suivante, «Combien de fois avez-vous été condamné ? », le prévenu ne sait pas… « Dix-neuf fois, lui rappelle le président, depuis 2006, pour vols, stupéfiant­s, violences, outrages, menaces, escroqueri­es, dégradatio­ns. La dernière en date, en octobre 2014, c’était pour un cambriolag­e…» Aucune réaction. Juste un haussement d’épaules et le regard dans le vague. «Je peux entendre une situation difficile, admet le procureur général adjoint Hervé Poinot dans son réquisitoi­re. Mais il faut respecter ce principe de liberté : laisser sa voiture ouverte. Or, Monsieur vient donner des leçons sur la manière de l’observer! D’autre part, il n’y a aucune mention sur d’éventuelle­s violences subies de la part des policiers. La Sûreté publique n’est pas à mettre en cause. Une peine de trois mois ferme pour chercher à voler. »

Un mois de prison ferme

Pour la défense, les faits sont reconnus. « Ils font partie du parcours de mon client , accorde Me Xavier-Alexandre Boyer. La vie dans la rue et les conditions climatique­s l’ont conduit à ces détresses et précarité. Jusqu’à provoquer des troubles mentaux. Trois mois, c’est trop. Je sollicite la clémence de votre tribunal. » Au prévenu de rajouter pour apitoyer les juges: «J’ai 41 ans. Je vous promets, j’ai envie de rentrer chez moi en Algérie. La rue m’a tué ! Je ne suis pas un voleur… » Ce sera tout de même un mois ferme.

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