J - pour le e Festival de musique de Menton
Dix soirées de concerts débutent samedi sur le prestigieux parvis Saint-Michel. Elles seront précédées d’une « pré-ouverture », vendredi, sur l’esplanade Francis-Palmero
Voici venue la saison où, chaque année, refleurit la grande musique. Il y a ainsi, à Menton, une saison de floraison de la musique classique comme il y en a une d’éclosion des citrons. Et, depuis soixante-huit ans, on n’imaginerait pas plus Menton sans musique que Menton sans citron. Résultat : chaque été se déroule l’un des plus beaux et anciens festivals de France. L’édition de cette année aura lieu entre le 29 juillet et le 13 août. Son directeur Paul-Emmanuel Thomas a mitonné sa programmation avec le même soin que les grands chefs préparant leurs menus. Comme chaque année, des concerts de prestige auront lieu en cet endroit mythique qu’est le Parvis Saint-Michel – le lieu pour lequel, il y a près de soixante-dix ans, André Borocz eut un coup de foudre et qui l’incita à créer son festival.
Fazil Say comme parrain
Mais il y aura deux autres séries de concerts, dont nous donnerons la programmation dans nos prochaines éditions: une au Musée Cocteau, d’une telle qualité qu’elle constitue à elle seule un festival à elle seule, et une série « Off », avec des concerts et manifestations disséminés dans la ville, dont le premier aura lieu vendredi soir en guise de « pré-ouverture » avec un ensemble espagnol de musiciens humoristes le « Quatuor Pagagnini » (lire ci-dessous). Cette année, le festival aura pour parrain un artiste qui est l’une des plus fortes personnalités du monde du piano d’aujourd’hui, le Turc Fazil Say. Ce phénomène qui fut révélé au public européen en 1997 par André Borocz au Festival de Menton ne cesse d’étonner le monde. Il intervient comme concertiste classique, jazzman ou compositeur. C’est dans le premier et troisième rôle qu’il interviendra samedi soir : comme concertiste classique en interprétant un concerto de Mozart et comme compositeur en présentant un concerto dont il est l’auteur, « Silk road » (la « Route de la Soie », musique évoquant le trajet ancestral des marchands de soie entre la Chine et la Turquie). Trois autres grands pianistes seront à l’affiche : Christian Zacharias le 1er août, dans un programme Bach-Ravel-Schumann, Lars Vogt le 10 août, dans la poursuite de l’interprétation intégrale des concertos de Beethoven entreprise l’an dernier (au programme cette année les 2e et 4e concertos) et, le 12 août, ce maître universellement respecté qu’est le Brésilien Nelson Freire. Celui-ci mélangera des oeuvres connues (3e sonate de Chopin) à d’autres qui ne le sont pas (de Villa-Lobos et Stojowski). Bien sûr, la musique de chambre sera à l’honneur : trios de Brahms et de Schubert le 31 juillet par Renaud Capuçon, Edgar Moreau et David Kadouch ; sonates pour violon et piano de Mozart, Chostakovitch, Janacek, Ravel le 5 août par deux géants de la musique de chambre, le violoniste Christian Tetzlaff et le pianiste Leif Ove Andsnes ; sublimes quintettes pour clarinette et cordes de Mozart et de Brahms le 8 août avec le Quatuor Hagen et Jörg Widmann. Une fête baroque est annoncée pour le 2 août, avec l’interprétation sous forme de concert du célèbre opéra de Monteverdi le « Couronnement de Poppée ». Comme chaque année, la voix ne sera pas oubliée avec cette mezzosoprano canadienne devenue une vedette, Marie-Nicole Lemieux, le 13 août. Airs d’opéras de Vivaldi au programme. Reste, enfin, la traditionnelle « surprise du chef ». Ce sera le concert de tango avec l’un des meilleurs bandonéonistes du monde, JuanJose Mosalini. Ce sera le 4 août. La floraison musicale est abondante cette année à Menton. On peut s’attendre à une splendide récolte.