Monaco-Matin

Keziah Jones: «Les Français ont été les premiers à me soutenir»

- FRANCK LECLERC

Après le métro, le tube. Rythm is love. Hit planétaire que l’on ne se lasse jamais de réentendre. L’artiste nigérian, qui vit à Lagos depuis cinq ans, jouait vendredi à Vence. La première de toutes ses Nuits du Sud. Une nuit blufunk, du nom du style qu’il a inventé au début des années quatre-vingt-dix, mêlant blues et funk avec des accents de mélopée.

L’été de Keziah Jones ? Beaucoup de concerts et de festivals. J’ai passé le début de l’été sur la route mais j’arrive à la fin de ma tournée. Partout, j’ai eu un super public qui a réservé un excellent accueil à mon nouveau groupe. On a joué mes anciennes chansons, les dernières aussi : vraiment très cool.

Les Français vous sont fidèles ? Depuis mon premier album, les Français restent fidèles à ma musique et c’est quelque chose que j’apprécie énormément. Ce pays a été le premier à me soutenir puisque j’ai commencé par jouer à Paris, dans la rue. Je suis souvent invité à revenir pour me produire. C’est une chance, à mon avis.

Réconcilia­tion après l’incident de la gare du Nord en  ? C’est une vieille histoire. Des policiers m’avaient demandé de leur montrer mes papiers d’identité alors que je descendais d’un train, ce qui m’avait mis en colère. J’avais trouvé leur comporteme­nt agressif alors que je n’avais rien à me reprocher. En fait, j’avais tort mais je ne l’ai su qu’après. Je ne savais pas qu’ici, la loi prévoyait ce genre de contrôle. C’est quelque chose qui ne pourrait pas arriver au Royaume-Uni. Alors oui, j’ai été contrarié pendant un mois, mais ça ne m’a pas empêché d’inviter ces policiers à venir voir mon concert. Ce qu’ils ont fait, je crois… Pourquoi avez-vous choisi de retourner vivre au Nigeria ? Je me suis installé à Lagos parce que beaucoup de mes amis y étaient retournés avant moi. Des acteurs, des musiciens dont Femi Kuti. Disons que c’était le bon moment. À une période de sa vie, on a besoin de se rapprocher de ses racines.

On ne se lasse pas d’écouter Rythm is love. Ni vous de le jouer ? Heureuseme­nt pour moi, je ne joue pas cette chanson de la même façon depuis vingt ans. C’est assez incroyable, d’ailleurs, que les gens l’aiment autant. Pour moi, quand je l’ai écrite, elle n’avait rien de spécial, c’était un titre parmi les autres. Je ne sais pas pourquoi son destin a été si particulie­r. Peut-être parce que j’y parle de Paris ?

Qu’avez-vous appris dans la rue ? Comme je jouais d’un bout à l’autre de la journée, j’ai acquis le sens de l’improvisat­ion et je me suis considérab­lement amélioré d’un point de vue technique. Sur le plan personnel, c’était aussi une expérience nécessaire. la société était ouverte, on pouvait parler à n’importe qui, il y avait une confiance, une bienveilla­nce. Tout se passait dehors alors qu’aujourd’hui, c’est Internet et les réseaux sociaux. Vivre dans la rue, je ne le ferais plus.

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(Photo Eric Ottino) Depuis cinq ans, l’artiste nigérian vit à Lagos.

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