Un Requiem éblouissant aux 17es Musicales du Trophée
Avec, au programme, le célébrissime Requiem K. 626 de Mozart, donné par 23 musiciens (La Muse de Monaco), 24 choristes (le Choeur de Chambre 1732) et 4 solistes (Dorothée Leclair soprano, Anna Destrael, alto, Olivier Dumait, ténor et Ronan Nedelec, basse), le 17e festival «Musicales du Trophée» était assuré du succès de sa soirée de clôture. Il fut total, dans une église bondée, avec plus de 250 spectateurs.
L’histoire du Requiem
En ouverture, cinq musiciens ont donné «Les Adagios du Régiment», de Mozart. Quinze minutes au cours desquelles le public a pu voir et entendre, aux côtés de deux bassons et d’une clarinette, deux cors de basset, instruments rares autant qu’exceptionnels. Des mélodies souples, à la fois légères et paisibles, offrant un bel équilibre entre les trois instruments, ont ainsi ouvert l’oreille du public à l’accueil du Requiem .Puisla
musicologue a pris un plaisir malin à casser la légende autour de cette oeuvre ultime que Mozart laissa inachevée, à sa mort, le 5 décembre 1791 au petit matin : non, Mozart ne mourut pas seul, pauvre et abandonné, enterré sans sa famille après avoir écrit son propre Requiem sur son lit de mort. Contrairement à ce que raconte la légende forgée par Mozart et Salieri, pièce de Pouchkine
(1830), le jeune compositeur n’avait pas la moindre intention de décéder pas plus qu’il ne fut empoisonné par Antonio Salieri qui resta jusqu’au bout son plus fidèle ami et vint prendre en note ses dernières indications pour le Requiem. Car à sa mort, seuls sont écrits intégralement « L’Introit » et le « Kyrie ». Constance, son épouse, confiera à divers musiciens le soin de terminer l’oeuvre pour pouvoir toucher l’argent promis par le commanditaire. Racontant en détail cette histoire fabuleuse, Annick Fiaschi enlève bien des côtés sombres de la légende. Et cite Mozart qui, dans une lettre à son père, qualifie la mort de «véritable amie de l’homme ». Eh bien le Requiem qu’ont livré les 51 artistes présents aura été magnifique de beauté, de grâce, de lumière, de force et d’envolées, un choeur uni alternant avec des solistes virtuoses, qui n’auront jamais été aussi émouvants que lorsqu’ils ont chanté ensemble. Un final éblouissant. Ovationnés et heureux, en osmose totale, les artistes ont rejoué deux airs. Encore une fois, la musique avait transcendé la mort.