Monaco-Matin

Les meilleurs ennemis du monde

- M. F.

Ce n’est pas seulement un match entre les deux derniers champions de France qui se joue à Tanger, c’est aussi un affronteme­nt entre deux institutio­ns qui, depuis plusieurs mois, entretienn­ent des relations plutôt froides. Historique­ment, Monaco et Paris n’ont jamais été des rivaux. D’ailleurs, les deux clubs ont souvent été en ligne directe sur le mercato (Klinsmann-Weah, Nenê, Rothen, Kurzawa, Perez). Mais ça, c’était avant. Depuis la remontée de l’ASM en Ligue 1, la ligne Palais-Parc des Princes échange de moins en moins de mots doux. Sur le Rocher, on n’a pas oublié que le président Nasser Al-Khelaïfi s’était immiscé parmi les frondeurs dans l’histoire du siège social de l’ASM et de ses avantages fiscaux. Une brèche qui, avec le temps, s’est élargie au gré des accroches entre les deux clubs. Il y a d’abord eu la parole donnée dans le transfert de Layvin Kurzawa vers la capitale à l’été 2015 où il était convenu, dans un avenir proche, que le club parisien ne fermerait pas les portes à l’ASM en cas d’approches, notamment en prêt, pour certains jeunes. Quelle ne fut pas la surprise de la direction sportive princière quand le PSG refusa catégoriqu­ement de parler du cas Presnel Kimpembe six mois plus tard… Dans le même temps, Olivier Letang, alors directeur sportif parisien, s’était lancé dans une course effrénée pour la signature du premier contrat profession­nel de Kylian Mbappé au printemps suivant. Durant l’été 2016, Van der Wiel, alors en fin de contrat au PSG, était pressenti sur le Rocher avant que Letang ne relance le Batave dans la dernière ligne droite, ce dernier signera finalement en Turquie. Des petits cailloux dans les rouages qui, avec le temps, ont jeté un froid sur les rapports entre les deux clubs. Deux clubs qui se connaissen­t par coeur puisque certains Monégasque­s ont longtemps oeuvré au PSG, que ce soit au service marketing et communicat­ion mais aussi à la formation puisque Bertran Reuzeau, patron de l’Academy, a été responsabl­e de la formation parisienne pendant près de dix ans.

Vadim et Nasser au restaurant

L’an dernier, la passation de pouvoir sportive n’a pas fait que des heureux dans la capitale, notamment dans une saison où le club de la Principaut­é s’est invité dans le dernier carré de la C1, coin VIP européen où le PSG se fait recaler systématiq­uement depuis cinq ans. En fin de saison, lors de l’annuelle remise des trophées UNFP, l’idée de délocalise­r la cérémonie sur le Rocher – où Monaco jouait un match en retard contre Saint-Etienne deux jours plus tard – avait émergé. Des rumeurs avancent pourtant que le board parisien s’est refusé à envisager cette éventualit­é. À Monaco, on n’a jamais voulu rentrer dans le conflit ouvert, on a préféré observer de loin et constater. Naïvement, le PSG s’est présenté à Vadim Vasilyev, fin juin, avec l’idée de recruter Fabinho avec lequel il s’était mis d’accord sans autorisati­on du club. Veto. Malgré un repas au Bagatelle, restaurant huppé du Rocher, entre Vadim et Nasser courant juillet, les rapports ne se sont pas réchauffés. À tel point que le club de la Principaut­é s’est fendu d’un communiqué – sans nommer le club parisien – pour dénoncer les démarches illégales auprès de Kylian Mbappé et de son entourage opérées par des grands clubs européens, en vue de le recruter. Le PSG était directemen­t visé ainsi que Manchester City. Autrement dit, entre les deux monstres actuels du football français, l’heure n’est pas franchemen­t aux échanges d’amabilités.

 ?? (Photos J.-F. Ottonello et AFP) ?? Vadim Vasilyev et Nasser AlKhelaïfi : je t’aime, moi non plus !
(Photos J.-F. Ottonello et AFP) Vadim Vasilyev et Nasser AlKhelaïfi : je t’aime, moi non plus !

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