Appréhender la Chine, un jeu à dessin
Des dizaines d’enfants ont participé à des ateliers pédagogiques au Grimaldi Forum, à l’occasion de l’exposition sur la vie des empereurs et impératrices
Carl effectue le geste de manière assurée. Fusain et papier chinois à la main, la conclusion est digne d’un artiste professionnel. « On reviendra avec nos feutres pour terminer notre dessin », s’exclame ce jeune Monégasque de 9 ans. Sa grande soeur Swann n’est autre que son partenaire de jeu pour mener à bien la réalisation d’un dessin d’un paysage japonais. Nulle présence de maîtresses ou de maîtres dans la pièce baignée de soleil. Seuls de longs bouts de papiers à dessins sont alignés de manière quasi symétrique. À même le sol.
Apprentissage culturel et artistique
Comme Swann et Carl, une vingtaine d’enfants ont participé pendant cinq jours à des ateliers pédagogiques proposés chaque été depuis dix ans par l’équipe des relations avec les publics du Grimaldi Forum. L’idée primaire ? Créer un pont entre l’exposition permanente et le jeune public grâce à une visite ludique de l’exposition, puis la création. « Nous souhaitons leur apporter à la fois des connaissances culturelles tout en leur dispensant des techniques artistiques », explique Céline, la responsable des ateliers jeunesse qui prépare six mois à l’avance le programme de ce dispositif, adapté à chaque tranche d’âge. La journée du vendredi est consacrée, par exemple, au dessin, en petites équipes, d’un paysage japonais.
Un brin d’imagination
L’activité demande de la concentration. Et un brin d’imagination. Une première heure est consacrée à la visite de l’exposition. Histoire de s’imprégner de l’univers de la Chine. « Les dragons font en sorte que la pluie tombe pour faire pousser les récoltes. Mais ils jouent avec une boule de feu pour faire passer le temps», s’étonne Carl. Aborder le régime politique actuel ou préciser les dates historiques de ce pays ont été mis de côté. Un impératif de temps expliquerait ce parti pris. « Ils doivent assimiler l’histoire d’un pays lointain et méconnu à leur âge. Nous nous concentrons sur les oeuvres présentées dans l’exposition », développe la responsable des ateliers. La tenue des moines, des empereurs et des impératrices, le travail de la porcelaine, le bouddhisme ou l’astrologie sont présentés à ce public singulier. Une fois les fresques achevées, tout ce beau monde se dirige vers le hall d’entrée du Grimaldi Forum pour y exposer ses oeuvres. Et les parents, qui ont déboursé dixneuf euros pour cet atelier, sont ravis du résultat. « Ma fille arrive à effectuer des comparaisons et des parallèles entre l’oeuvre de Francis Bacon et des tableaux aperçus dans des expositions ou présentés à l’école» , se réjouit Sylvie, une mère de famille arrivée juste à temps pour découvrir la co-réalisation de sa progéniture accrochée à l’entrée. De l’art de puiser dans le passé et d’exposer dans l’instant présent pour cultiver les collectionneurs, amateurs voire artistes de demain.