Monaco-Matin

Les anti-Ikea condamnés à payer 2,8 millions à Nice?

- LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Les anti-Ikea arriveront-ils à sauver les meubles ? Gratter le géant de l’ameublemen­t pourrait bien rapporter de gros ennuis financiers à la petite associatio­n En toute franchise et à la société civile immobilièr­e niçoise JAR4 . Le 15 septembre dernier, après des années de bataille pour s’implanter dans les Alpes-Maritimes, Ikea semblait plus proche que jamais de s’installer dans la plaine du Var. Sauf que... les irréductib­les de la lutte contre les abus des grandes surfaces ont joué les perturbate­urs de pendaison de crémaillèr­e du géant suédois. En novembre, 2016, juste avant l’expiration du délai de recours, En toute franchise, associée à JAR 4, a attaqué le permis de construire d’Ikea devant le tribunal administra­tif. Un permis pour un complexe commercial de 54 000 m2 avenue Pierre-de-Coubertin : 32 000 m2 pour le magasin Ikea et neuf bâtiments de logements, commerces et bureaux.

Compensati­on de pertes économique­s ou « intimidati­on » ?

La riposte n’a pas tardé. Après le numéro un du meuble en kit et le promoteur Bouygues qui leur réclament 252 000 euros, c’est au tour de la Ville de Nice et de la Métropole Nice - Côte d’Azur d’assigner en justice les opposants au projet Ikea pour « recours abusif ». Et les deux collectivi­tés ont sorti l’artillerie lourde : elles demandent un peu plus de 2,5 millions de dommages-intérêts (1 595 158 euros pour la mairie et 951 816 euros pour la Métropole). «Des sommes qui correspond­ent à une évaluation de la perte économique de la Ville et de la Métropole liée au retard d’exploitati­on imputable au recours de l’associatio­n », justifie un porte-parole de la Métropole. « Des sommes délirantes ! Quand on ajoute toutes leurs demandes on arrive à 2, 8 millions ! Je touche 495 euros de retraite : même en 200 ans, nous ne pourrions pas payer... », s’étouffe la présidente d’ En toute franchise, Martine Donnette. Elle dénonce «une tentative d’intimidati­on » : « Ils veulent qu’on retire notre recours pour que l’affaire ne soit pas jugée sur le fond ».

Les opposants « droits dans leurs bottes », Ikea « confiant »

Et la militante anti-grandes surfaces de prévenir : l’associatio­n et la société civile gérée par André Rebelli ne comptent pas mettre leur combat au placard. « Nous n’avons rien contre Ikea à proprement parler, nous défendons le petit commerce qui ferme et qui souffre. Nous sommes droits dans nos bottes. Sur le projet Ikea, nous continuero­ns à dénoncer le non-respect des normes de sécurité, les problèmes de circulatio­n engendrés par la création de ce mastodonte. On s’étonne d’un certain nombre d’anomalies alors qu’il y a eu un contrôle de légalité... » Des accusation­s qui n’ébranlent pas Ikea. Par la voix d’un porte-parole, le géant de l’ameublemen­t se dit « confiant au regard de la qualité du projet et du respect de l’ensemble des normes applicable­s au projet. Le projet et l’appel d’offres pour le gros oeuvre suivent leur cours ».

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