Monaco-Matin

Derrière les pierres taiseuses de la cathédrale d’Antibes

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Àpas feutrés. Pour s’aventurer dans les coulisses de la foi, il faut savoir prendre de la hauteur au sein de la cathédrale d’Antibes. Une fois franchie la sacristie, la double porte du fond dévoile un escalier branlant aux marches marquées par les foulées des années. L’écriteau « Strictemen­t interdit à toute personne » côtoie les crucifix. Les pierres poudroient sous un rai de lumière. Les étages invitent à la grimpette sportive. Un pas, puis l’autre. Le tout, dans un équilibre précaire soutenu par une épaisse corde rugueuse remplaçant la rambarde. Qui, elle, semble tenir par l’opération du Saint-Esprit. Cahin-caha, les souffles soulèvent la poussière vouée à gésir au coeur du clocher. Là, un vestige d’échafaudag­e, ici des pas fossilisés dans un magma pétrifié par le décompte des heures d’airain. Làhaut, les quatre cloches – dont Joyeuse et Anne-Elisabeth – s’offrent une vue imprenable sur la cité des Remparts. Sur cette ville qui grouille tout en bas entre ces arches, ignorant tout du royaume volatile qui s’édifie dans la tour. Des plumes volettent, ça roucoule dans le coin. La volière veille au grain sur les recoins du solarium qui domine l’horizon. Vision intemporel­le. Et murmures à déchiffrer pour tendre l’oreille à la curiosité. Les ouïes les plus fines pourront déceler les nombreux secrets de ce lieu chargé d’histoire, construit sur les souvenirs d’un temple païen… Les tympans les plus délicats sauront écouter le froissemen­t des pages du plus ancien registre qui, depuis 1883, calligraph­ie les baptêmes, mariages et enterremen­ts. Autant de patronymes qui ont frôlé l’issue dérobée. Au milieu des placards de la sacristie : un trompe-l’oeil. En tournant la poignée, c’est une entrée directe sur la chapelle Saint-Esprit qui se dévoile. Muette.

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