Festival de musique de Menton : un trio gagnant !
Renaud Capuçon, Edgar Moreau et David Kadouch étaient réunis, hier soir sur le parvis SaintMichel dans deux chefs-d’oeuvre de la musique de chambre
Deux des plus beaux chefs-d'oeuvre de la musique de chambre étaient au programme du concert d’hier soir sur le Parvis Saint-Michel, le premier de Brahms et le second de Schubert. D’après certains sondages – car on ne réalise pas des sondages que chez les électeurs, les automobilistes ou les ménagères de plus ou moins de cinquante ans, mais aussi chez les mélomanes – d’après les sondages, donc, il paraît que le second trio de Schubert serait majoritairement considéré comme la plus belle oeuvre de musique de chambre de toute l’histoire de la musique. Il est vrai qu’il y a dans le second mouvement de ce trio un thème sublime qui s’adresse à l’éternité – un thème que Stanley Kubrik a utilisé pour accompagner son film «Barry Lindon ». Ce qui est sûr, c’est que nous étions hier soir, devant la basilique Saint-Michel Archange, sur des sommets de beauté et d’harmonie. Le parvis était archi-comble, en présence de JeanClaude Guibal, maire de L’Armstrong que nous avons entendu hier au Musée Cocteau n’a jamais mis les pieds sur la lune ni sur le Tour de France. Il se prénomme Kit. Lui met ses mains sur un clavier. Il est pianiste. Son indépendance d’esprit et sa virtuosité sont telles qu’on pourrait le surnommer « Kit mains libres » ! On avait déjà entendu l’an dernier ce surdoué qui, en plus de ses diplômes d’interprète et de compositeur, est titulaire d’une maîtrise de mathématiques. Avec son allure de grand adolescent timide et élégant, il demeure étonnant. Étonnant, il l’a été hier en n’interprétant pas du Chopin ou du Beethoven comme tout le monde mais Menton, et Colette Giudicelli, sénateur des AlpesMaritimes. Les trois musiciens d’hier soir étaient le violoniste Renaud Capuçon, le violoncelliste Edgar Moreau et le pianiste David Kadouch.
des oeuvres de compositeurs anglais du XVIe siècle, John Bull et William Byrd. Ces compositeurs vivaient à une époque… où Ils furent émouvants de la première à la dernière note. Il était touchant de constater la complicité qui existait entre le maître (le premier violon) et ses deux disciples. Sur scène, emportés par l’élan de leurs oeuvres, ils jouaient d’égal à égal, complices dans l’éclat comme dans la confidence. En ce lieu sacré, ils avaient des choses superbes, intenses, à exprimer. Ils le firent savamment, puissamment, brillamment, élégamment, sereinement. Pour employer un langage hippique – mais est-il possible d’employer un langage hippique sur le parvis Saint-Michel ? - Ils formèrent un trio gagnant. Le jeune pianiste américano-taïwanais s’est aventuré dans un répertoire du XVIe siècle dans un musée Cocteau... bondé de mélomanes !
le piano n’existait pas ! Ces compositeurs écrivaient pour le virginal. Comme chacun sait, le virginal était un clavecin de
petite dimension qui trouvait sa place dans les chambres douillettes des demeures de bonnes familles, destiné a priori…
aux jeunes filles vierges. D’où son nom. Mais qui allait vérifier l’état des jeunes femmes qui se mettaient au clavier ? Ce soir, sur le parvis Saint-Michel, c’est le pianiste Christian Zacharias qui se produira dans un récital sur le thème des «Valses nobles et sentimentales» (Schubert, Ravel et Schumann). À 21 h 30, sur le parvis Saint-Michel. Rens. 04.92.41.76.76 et 76.95. Peut-être John Bull luimême… qui dut fuir l’Angleterre et se réfugier aux Pays-Bas pour avoir mis enceinte une jeune femme hors mariage ! Rien de cela avec le sérieux William Byrd, catholique dans un pays anglican, qui fut, lui, persécuté lors de l’attentat commis par un catholique contre le roi Jacques 1er en 1 605. Sa musique fut interdite sous peine de prison. À part les turbulences de leurs vies, ces compositeurs ont écrit des musiques fines, sages, délicates, comme des pièces de dentelle. Kit Armstrong nous en fait entendre toute une guirlande hier. Ça avait son charme…