Monaco-Matin

RALLYE « Une réunion de famille »

Comme on se retrouve ! Invité à essayer l’Abarth 124 RGT, Didier Auriol s’est dégourdi les semelles sur les pentes du col de Turini. Où quelques têtes connues l’attendaien­t au tournant...

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Le pointage des retrouvail­les était fixé la semaine passée. En plein été, à mi-chemin entre les éditions  et  du Rallye Monte-Carlo, le col de Turini s’est remis à rugir. Pas de course au menu, cette fois, puisque la montagne sacrée du sport automobile accueillai­t une séance d’essais. A l’invitation de l’écurie marseillai­se Milano Racing, quatre anciennes « pointures » ayant chassé le chrono jadis au volant d’une Lancia ou (et) d’une Fiat sont venues découvrir la nouvelle Abarth  RGT baptisée en janvier dernier entre la Principaut­é et les Hautes-Alpes : Bruno Saby, Pierre-César Baroni, Maurizio Verini et... un certain Didier Auriol. Voilà belle lurette que le champion du monde  - mais aussi triple vainqueur de la classique monégasque n’avait plus « roulé des mécaniques » dans les parages. On a donc sauté sur l’occasion pour engager la conversati­on.

Didier, que devenez-vous ? Aujourd’hui, on peut dire que je suis un vrai retraité (rires). Profiter à fond de la famille, passer du bon temps, voilà ma priorité. En parallèle, je suis actionnair­e de quelques établissem­ents hôteliers, en France métropolit­aine et dans les îles (notamment à la Réunion, ndlr). Et puis, chez moi, à Millau, je fais pas mal de sport pour rester en forme. Vélo de route en été, VTT l’hiver...

La course, les voitures, le chrono, les réglages, ça vous manque ? Oui. On ne va pas se mentir.

Au bout d’une carrière aussi longue et intense, c’est difficile de tourner la page. On a beau essayer de faire autre chose, la flamme de la passion demeure intacte. Elle continue de vous titiller. Même si l’occasion d’une piqûre de rappel se présente parfois lors d’une course que l’on m’invite à disputer, ici ou là, cette adrénaline de la compétitio­n me manque, c’est clair. Mais, bon, le temps passe, donc il n’y a pas le choix (sourire). Certaineme­nt. Pour trouver Alessandro Fiorio (pilote-essayeur Abarth), Patrick Canavese (patron de l’écurie Milano Racing), Pierre-César Baroni, Didier Auriol et Bruno Saby : mardi dernier, la nouvelle  RGT a fait des vocalises au col de Turini. Entre des mains expertes... et sous le regard bienveilla­nt d’une ancêtre quadragéna­ire.

la trace de mon dernier passage en course ici, je pense qu’il faut faire une sacrée marche arrière (en , au volant d’une Skoda Octavia WRC). (du tac au tac) Oui et non ! J’aimais surtout la descente vers La Bollène... où il me fallait combler le retard accumulé de l’autre côté. À l’époque, je perdais régulièrem­ent du temps dans l’ascension depuis Moulinet. Quels que soient la couleur du ciel et l’état du terrain, lors de la

bascule au sommet, j’accusais toujours cinq ou six secondes de retard par rapport au meilleur chrono partiel, sans explicatio­n. C’est bizarre. Je ne saurai jamais pourquoi. Le mystère reste entier.

Votre souvenir numéro  lié au Turini ? En championna­t de France, puis en Mondial, j’en ai accumulé pas mal sur cette route. Là, spontanéme­nt, c’est  qui me revient en mémoire (l’année de sa troisième et dernière victoire en Principaut­é). Je débutais alors au volant de la Toyota Celica et c’était l’ES , parcourue dans l’autre sens. Boum ! Dans la descente très verglacée, pas loin de Moulinet, je tape un muret. Pneu crevé, jante cassée, on finit au ralenti en lâchant plus d’une minute. Je me rappelle comme si c’était hier de la tête dépitée du patron (Ove Andersson) au ‘‘point stop’’. Il m’avait demandé : «La voiture ne marche pas comme tu veux ? » Et moi, je lui avais répondu : « Non, c’est le pilote qui va mal ! »

Pourquoi honorez-vous de votre présence cette séance d’essais ? Tout simplement parce que Patrick Canavese, le patron de l’équipe Milano Racing que je connais depuis longtemps, m’a convié à

venir découvrir l’Abarth  RGT. C’est toujours sympa de pouvoir faire un bout de chemin avec une nouvelle auto, surtout quand on croise par la même occasion quelques rivaux d’antan. Plusieurs anciens pilotes Lancia et Fiat ont fait le déplacemen­t. Donc ça ressemble un peu à une réunion de famille... La  RGT, elle vous a séduit ? Il s’agit d’une voiture qui vient juste de démarrer en compétitio­n. Une belle initiative. Elle a été bien pensée, bien conçue. Maintenant, comme pour toute nouveauté, il y a pas mal de choses à améliorer. Dès le premier run, mon côté perfection­niste est revenu au triple galop. Puisque l’on me posait des questions, j’ai formulé quelques remarques personnell­es sur les modificati­ons ou évolutions nécessaire­s. Rien de plus. À eux de voir...

Deux ou trois voitures devraient être engagées en championna­t de France l’an prochain (*). Pourriezvo­us faire partie de ce Je ne sais pas. L’avenir le dira. (Il réfléchit) Pourquoi pas si le Tour de Corse est inscrit au championna­t de France ? Cette épreuve que j’ai gagné six fois tient une place à part dans mon coeur. Je repartirai volontiers pour un Tour, mais pas n’importe comment. Il faudrait alors le préparer sérieuseme­nt, avec une grosse séance d’essais ou deux. Car maintenant, à  ans, comme autrefois, pas question de courir juste pour le plaisir, ni pour faire de la figuration. Je ne les ai vues qu’à la télé. Les images s’avèrent assez impression­nantes. Il y a beaucoup plus de chevaux, donc les pilotes doivent être contents. On les compare parfois aux autos du Groupe B des années . La ressemblan­ce existe, d’accord. Sauf au chapitre de la sécurité, où d’énormes progrès ont été accomplis, fort heureuseme­nt.

Si vous deviez miser une petite pièce sur le nom du champion du monde , vous choisiriez qui ? Je pense que Sébastien Ogier réussira à garder la couronne, même s’il a changé de voiture et d’équipe. Le match est serré, mais sa régularité peut lui permettre de faire la différence en fin de saison.

Au-delà, vous le voyez aussi capable d’égaler ou de dépasser Loeb ? La concurrenc­e me semble plus relevée aujourd’hui qu’à l’époque de Loeb. Des gars comme Neuville et Tänak vont de plus en plus vite. Par conséquent, décrocher neuf titres, franchemen­t, ce sera très compliqué.

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programme ? Quel regard portez-vous sur les WRC  ?
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Content de revoir le col de Turini ? Cette épreuve spéciale ô combien renommée, elle vous plaisait ?

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