La porte du paradis
Datiashvili. Durée : 1 h 44. Genre : Drame.
Notre avis : De Rezo Gigineishvili (Russie, Géorgie, Pologne). Avec Tinatin Dalakishvili, Irakli Kvirikadze, Giga
Basé sur des faits réels. Géorgie, 1983. Sept amis inséparables issus de la jeunesse dorée rêvent de fuir le régime autoritaire de l’Union Soviétique. Bercés d’idéaux, ils décident de détourner un avion pour s’enfuir et rejoindre le monde libre...
Véritable cri de désespoir d’une jeunesse qui a du mal à se faire entendre, Hostages revient sur un sordide fait divers.Toute l’intelligence de Rezo Gigineishvili est de restituer cet élan, cette soif de liberté d’une bande de 20 /30 ans, sans rendre leur acte héroïque vu les dommages collatéraux causés. Pas des terroristes mais des gens de bonne famille qui veulent quitter un pays où ils sont sans cesse épiés, surveillés par le KGB. La caméra s’attarde sur leurs frustrations, pointe l’écart creusé avec la précédente génération, dont le gouvernement accusera l’éducation.Avant l’évasion manquée, une longue scène de mariage, à l’allure d’adieux. Un moment de bascule, comme l’était celui de Voyage au bout de l’enfer, à la suite duquel tout dérape : le vol devait se dérouler dans un petit avion, sans passagers… Il sera regroupé avec d’autres, sur une grande ligne. Les intempéries retardent le départ puis obligent l’appareil à faire demitour… Inexpérimentée, la bande passe maladroitement à l’action. Tout capote et leur destin est scellé par un procès que l’on sent joué d’avance. Plutôt que d’instaurer un suspens autour de leur sort, le cinéaste trentenaire le rappelle d’entrée. S’en suit une analyse des modes de vie, de la façon d’accepter ou pas de se soumettre à régime strict. La mise en scène limpide, évite les poncifs, la négociation, multiplie les ellipses, oublie parfois volontairement ces « pirates de l’air » pour se concentrer sur leurs proches ou la vision des décideurs. Difficile d’être plus complet, plus lucide et plus respectueux vis-à-vis de ces enfants condamnés à la peine capitale et des victimes laissées sur le chemin. Une réussite.