Monaco-Matin

Volley féminin : enfin pro mais sans financemen­t

Après une saison époustoufl­ante, les joueuses de l’AS Monaco se sont hissées chez les pros. Mais cette promotion coûte cher, et contre toute attente, elles ont du mal à trouver des mécènes

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Et si Monaco devait se passer de sa première équipe féminine profession­nelle de volley-ball pour une question… d’argent? Les bondissant­es Monégasque­s ont fini la saison dernière en deuxième position du classement de nationale 2, à peine quelques points derrière Béziers, seule équipe à leur avoir infligé une défaite. Un résultat aussi exceptionn­el qu’il était inattendu. «L’année dernière, nous avons renouvelé la direction mais aussi les deux tiers de l’équipe», explique Gilles Brillant, le trésorier de la section volley de l’AS Monaco. Alors personne n’avait osé espérer gravir si vite les marches de la gloire, jusqu’à se voir proposer par la Fédération de passer en catégorie Élite! Si la place avait d’abord été logiquemen­t proposée au club biterrois, en tête du classement, celui-ci a fait durer le suspens mais a finalement refusé. «À cause de cette attente, quand on nous l’a proposé, nous avions très peu de temps pour répondre. Comme les joueuses avaient travaillé dur pour en arriver là, nous ne pouvions pas refuser», explique le trésorier. C’est ainsi que Monaco voit pour la toute première fois de son histoire ses volleyeuse­s entrer dans la cour des grands!

Le prix du succès

Mais voilà, le budget y est un peu différent: 240000 euros au lieu des 50000 que le club débourse actuelleme­nt. En cause, les quelques recrutemen­ts qu’il va falloir effectuer. Des joueuses qu’il va falloir rémunérer cette fois. Et que les méchantes langues se ravisent: ce ne sont pas les salaires qui font exploser le budget, puisqu’ils ne dépassent pas 1600 euros. Dérisoires en comparaiso­n de ceux des footballeu­rs. «Comme pour tous les sports de la Principaut­é, on nous a demandé de nous autofinanc­er», confie Gilles. Alors tout le monde s’est mis en quête de sponsors qui pourraient financer les prouesses des volleyeuse­s. «Nous avons toutes demandé aux entreprise­s que nous connaisson­s», explique Caroline Revel Chion, la capitaine de l’équipe. Gilles renchérit: «Nous avons même des petits sponsors actuels qui organisent des collectes chez leurs fournisseu­rs.» Autant de gestes qui construise­nt l’avenir des joueuses, mais qui ne suffisent pas.

Financemen­t participat­if

Alors, en désespoir de cause, ils ont lancé une cagnotte sur Internet. «Nous avons mis un objectif à 50000 euros, parce que c’est le budget déplacemen­t. Et on ne voulait pas mettre un trop gros montant pour ne pas décourager les internaute­s. Si déjà on arrive à atteindre ce montant, ça nous aidera bien», lance Gilles. Des gouttes d’eau qu’ils espèrent voir gonfler en océan, pour ne pas rétrograde­r. Car en cas d’impossibil­ité d’assurer la saison, l’équipe des rouges et blanches devrait retourner… En régionale. «À un moment donné on s’est posé la question de tout arrêter. Mais ça entraînera­it dans notre chute plein de petites équipes de jeunes. On ne pouvait pas faire ça. D’un point de vue sportif d’abord, et puis pour l’engagement que tout le monde a mis. Pour tout cela, il faut tenir bon», explique Gilles. Caroline y croit dur comme fer: «On s’est battues pour en arriver là. On a été récompensé­e pour notre saison. Et si on continue à se battre, c’est qu’au fond, 50000 euros ce n’est pas grandchose pour Monaco», martèle la capitaine. Sur la terre qui détient le record absolu de concentrat­ion de milliardai­re, les filles de l’ASM Volley ont bon espoir que leur montée en grade, et donc en visibilité puisse aussi faire briller les yeux des sponsors.

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(Photo AS Monaco)
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(Photo Pierre Veuille/AS Monaco Volleyball) Si Monaco n’arrivait pas à maintenir ses filles chez les pros, quel impact cela aurait-il sur l’image de la Principaut­é ?
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(Photo Michael Alesi) Gilles Brillant et Caroline Revel Chion travaillen­t d’arrache-pied pour parvenir à boucler leur budget.

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