Volley féminin : enfin pro mais sans financement
Après une saison époustouflante, les joueuses de l’AS Monaco se sont hissées chez les pros. Mais cette promotion coûte cher, et contre toute attente, elles ont du mal à trouver des mécènes
Et si Monaco devait se passer de sa première équipe féminine professionnelle de volley-ball pour une question… d’argent? Les bondissantes Monégasques ont fini la saison dernière en deuxième position du classement de nationale 2, à peine quelques points derrière Béziers, seule équipe à leur avoir infligé une défaite. Un résultat aussi exceptionnel qu’il était inattendu. «L’année dernière, nous avons renouvelé la direction mais aussi les deux tiers de l’équipe», explique Gilles Brillant, le trésorier de la section volley de l’AS Monaco. Alors personne n’avait osé espérer gravir si vite les marches de la gloire, jusqu’à se voir proposer par la Fédération de passer en catégorie Élite! Si la place avait d’abord été logiquement proposée au club biterrois, en tête du classement, celui-ci a fait durer le suspens mais a finalement refusé. «À cause de cette attente, quand on nous l’a proposé, nous avions très peu de temps pour répondre. Comme les joueuses avaient travaillé dur pour en arriver là, nous ne pouvions pas refuser», explique le trésorier. C’est ainsi que Monaco voit pour la toute première fois de son histoire ses volleyeuses entrer dans la cour des grands!
Le prix du succès
Mais voilà, le budget y est un peu différent: 240000 euros au lieu des 50000 que le club débourse actuellement. En cause, les quelques recrutements qu’il va falloir effectuer. Des joueuses qu’il va falloir rémunérer cette fois. Et que les méchantes langues se ravisent: ce ne sont pas les salaires qui font exploser le budget, puisqu’ils ne dépassent pas 1600 euros. Dérisoires en comparaison de ceux des footballeurs. «Comme pour tous les sports de la Principauté, on nous a demandé de nous autofinancer», confie Gilles. Alors tout le monde s’est mis en quête de sponsors qui pourraient financer les prouesses des volleyeuses. «Nous avons toutes demandé aux entreprises que nous connaissons», explique Caroline Revel Chion, la capitaine de l’équipe. Gilles renchérit: «Nous avons même des petits sponsors actuels qui organisent des collectes chez leurs fournisseurs.» Autant de gestes qui construisent l’avenir des joueuses, mais qui ne suffisent pas.
Financement participatif
Alors, en désespoir de cause, ils ont lancé une cagnotte sur Internet. «Nous avons mis un objectif à 50000 euros, parce que c’est le budget déplacement. Et on ne voulait pas mettre un trop gros montant pour ne pas décourager les internautes. Si déjà on arrive à atteindre ce montant, ça nous aidera bien», lance Gilles. Des gouttes d’eau qu’ils espèrent voir gonfler en océan, pour ne pas rétrograder. Car en cas d’impossibilité d’assurer la saison, l’équipe des rouges et blanches devrait retourner… En régionale. «À un moment donné on s’est posé la question de tout arrêter. Mais ça entraînerait dans notre chute plein de petites équipes de jeunes. On ne pouvait pas faire ça. D’un point de vue sportif d’abord, et puis pour l’engagement que tout le monde a mis. Pour tout cela, il faut tenir bon», explique Gilles. Caroline y croit dur comme fer: «On s’est battues pour en arriver là. On a été récompensée pour notre saison. Et si on continue à se battre, c’est qu’au fond, 50000 euros ce n’est pas grandchose pour Monaco», martèle la capitaine. Sur la terre qui détient le record absolu de concentration de milliardaire, les filles de l’ASM Volley ont bon espoir que leur montée en grade, et donc en visibilité puisse aussi faire briller les yeux des sponsors.