« Je ne suis pas une fraudeuse, Monsieur »
La fraude dans les TER est plus que jamais réprimée. La SNCF et la Région ont engagé un plan pour lutter contre ce fléau qui grève les finances publiques. Reportage à Villefranche-sur-Mer
e ne suis pas une fraudeuse, Monsieur. Je paye toujours mes tickets d’habitude, je suis quelqu’un d’honnête.» Les larmes coulent sur le visage de la jeune fille de 19 ans. Encadrée par des agents de SNCF mobilités, la jeune Niçoise, polie et tremblante, vient de se faire contrôler sur le quai de la gare de Villefranche-sur-Mer. Mini short, tee-shirt lâche, sandales, sac de plage, elle partait se baigner plage des Marinières avec des amis. Elle est montée dans le train à la station précédente, à Nice Riquier. Sans prendre de ticket. L’arrivée sur le quai a eu de quoi l’impressionner : la police nationale en force, la municipale, les agents de SNCF mobilités...
Un plan de lutte contre la fraude
Et pas d’échappatoire. Si la jeune femme pleure, c’est que l’amende est de 50 euros, au lieu du ticket à 1,20 qu’elle aurait pu acheter. Elles sont deux copines, ça fait donc 100 euros. La vacancière doit payer sur le champ, en carte bleue. « C’est une somme énorme pour moi», tente-t-elle d’articuler dans un sanglot. Ce qui est saisissant dans cette scène qui s’est déroulée cette semaine, c’est qu’autour d’elle, un tiers des passagers qui vient de débarquer n’a pas payé son billet… Les excuses les plus diverses fusent: «La machine était en panne » ; « J’allais l’acheter au contrôleur », « Je l’ai donné à quelqu’un d’autre », « Je l’ai perdu dans le train ». Pas de profil dans ces fraudeurs : des personnes âgées, des jeunes, des touristes, des locaux partis se baigner. Fouzia, la quarantaine, Niçoise, reconnaît : « D’habitude, je paye, mais là j’ai eu la flemme d’attendre au guichet et le distributeur ne fonctionnait pas. Pour un seul arrêt, une telle amende, c’est inadmissible.» Le taux de fraude dans les TER est tombé cette année à 12,7 %, dans les trains contrôlés, au lieu de 20 % en 2015. La Région a engagé un grand plan de lutte anti-fraude. L’enjeu financier est de taille, pour pouvoir financer les trains et leur entretien : un seul point de fraude équivaut à 800 000 euros de pertes. À regarder ce quai où les fraudeurs attendent par dizaines d’être verbalisés, on se dit qu’il y a du travail. « Tous ont une excuse, je ne les juge pas, explique un agent. Mais il faut qu’ils comprennent que si tout le monde fait comme ça, il n’est plus possible d’entretenir les trains, d’offrir un service normal. Beaucoup utilisent le train pour aller à la plage, et imaginent qu’il n’y a pas besoin de payer pour un seul arrêt.» Plutôt qu’un bain, ce fût la douche froide. Tout l’été, la SNCF va multiplier les contrôles sur les lignes. À bon entendeur...