Stéphane Freiss : « Au service de l’auteur et pas le contraire… »
Amoureux des livres et des auteurs, Stéphane Freiss est un des plus fidèles habitués du Festival des Mots, qui chaque été sillonne les AlpesMaritimes. Il y a deux ans, il avait donné une lecture du Petit Prince dont les habitants de La Colle-surLoup se souviennent encore. Cette année, c’est à Carros-village qu’on le retrouvait, avec un programme d’auteurs niçois : Louis Nucera, Raoul Mille, Didier Van Cauwelaert et le regretté Max Gallo…
On ne vous savait pas si féru de littérature azuréenne… Moi non plus ! (rires) Bien que, par alliance – ma femme est argentino-italienne – je me sente très méditerranéen, mes origines me portent plutôt vers les auteurs d’Europe centrale. C’est Frédéric Garnier, le coordinateur artistique du Festival des Mots, qui m’a proposé une lecture « Autour de Nice ». Et j’avoue que je ne m’attendais pas à y trouver autant de thèmes qui résonnent avec mon travail et mes préoccupations actuelles, comme la filiation, l’hérédité, l’attachement à une terre…
Vous écrivez ? Oui, mais pour le cinéma. Je me suis attaqué, il y a trois ans, à un scénario sur un écrivain célèbre qui part faire un salon en Israël et se retrouve dans un kibboutz ultraorthodoxe, à la frontière syrienne, où il va faire des rencontres qui vont changer sa vie. Je l’ai presque terminé et j’espère pouvoir en faire un film que je réaliserai, mais dans lequel je ne jouerai pas.
Quels sont vos auteurs favoris ? Camus, Romain Gary, Haim Potok, Kundera, Tolstoï, Boulgakov, Albert Cohen… Il y en a tellement !
Quel lecteur êtes-vous ? Un lecteur rêveur. Je voyage beaucoup entre les mots et les lignes. Ce qui fait que je lis TRÈS lentement ! (rires) Par contre, vos lectures publiques sont trés animées : il s’y passe toujours quelque chose… Oui, mais ce n’est pas prémédité. Je déteste les gens qui lisent en pensant qu’ils sont les héros de la soirée. On doit être au service de l’auteur et pas le contraire. Ça peut devenir un spectacle, si les conditions s’y prêtent, mais il ne faut pas que ce soit prémédité. Quand on lit en public, on est le héraut de l’auteur. Son texte avait rendez-vous avec ses lecteurs dans leur intimité et tout d’un coup, il se retrouve projeté sous les projecteurs, dans un lieu inattendu. Cela met forcément celui qui le lit dans une situation particulière. Parfois, il ne se passe rien parce que le lecteur est fatigué ou nul. Parfois, il défait l’auteur de sa substance en mettant sa propre personnalité en avant. Et d’autres fois, c’est magique. Comme pour Le Petit Prince à La Colle-sur-Loup. Où pour ce texte de Raoul Mille à Carros-village, où les cloches de l’église se sont mises à sonner au moment où un abbé en appelait au Bon Dieu…
De quoi seront faits votre été et votre rentrée ? Pas de vacances cette année, je travaille sur mon scénario. En octobre, je tournerai une nouvelle série pour la télévision avec Cristiana Reali comme partenaire. Et, à partir du mois de janvier, je jouerai en province la pièce de Francis Veber Un animal de compagnie, qu’on a créée cet hiver au Théâtre des Nouveautés. J’espère bien venir vous la présenter !