La cryothérapie contre les tumeurs malignes
Le docteur Philippe Brunner est le seul, sur la Côte d’Azur, à tuer des tumeurs par le froid. Des cancers du rein, du poumon, du sein sont ainsi éradiqués en trente et une minutes!
Température locale : -185 degrés à Monaco. Oui, - 185° au bout de l’aiguille de Philippe Brunner qui intervient au coeur des tumeurs cancéreuses pour les vaincre en quelques minutes. Oui, des cancers du rein, du sein, du poumon, du foie parfois vaincus en trente et une minutes exactement grâce au froid qui tue les cellules malignes. Alors certes, le traitement par cryothérapie pratiqué par le chef de service de radiologie interventionnelle du Centre Hospitalier Princesse Grace (CHPG) n’est – hélas – pas indiqué pour toutes les formes de cancer. Mais les patients qui peuvent en bénéficier sont toutefois nombreux. « Nous traitons un malade par semaine en moyenne depuis deux ans et demi », explique Philippe Brunner. Mais comment ça marche ? Plongée dans le grand froid du radiologue.
« Une seule séance suffit »
« On est en train de la congeler. Là, sur l’écran, on voit le glaçon apparaître. Une seule séance suffit. Voilà : c’était un cancer du rein. La tumeur est morte. Terminé! La cryothérapie, c’est la chirurgie du futur. » Dans la salle d’intervention, quatre médecins, assistants et personnels soignants entourent le chef de service. Le patient est sous sédatif, et donc à demi-conscient, installé dans le tube du scanner. Il ne ressent aucune douleur. Le docteur Brunner a glissé ses aiguilles courbes (un outil qu’il a breveté – il vient d’ailleurs tout juste d’obtenir
la US patent, le nec plus ultra de la reconnaissance) jusque dans la tumeur. Tout est suivi sur des écrans qui permettent au radiologue de contrôler parfaitement ses gestes. « Il faut atteindre l’organe malade, contrôler le glaçon et surtout ne pas toucher les organes voisins. » « Quand les cellules sont congelées, puis décongelées, il y a un appel d’eau et elles explosent. » La tumeur est congelée durant dix minutes. Suivent dix minutes de réchauffement passif et une minute de réchauffement actif. Une seconde phase de dix minutes de congélation achève la séance. Pour préserver les organes alentours, comme le foie et les organes digestifs pour une intervention
du rein, de l’air est injecté comme isolant. Les patients viennent souvent de loin pour passer entre les mains du docteur Philippe Brunner qui travaille notamment avec les docteurs Felipe Linares et Mathieu Liberatore. Il faut aller jusqu’à l’Institut PaoliCalmettes, centre anticancéreux de Marseille pour bénéficier de cette technique révolutionnaire. «La radiofréquence, c’est chaud, c’est un bain-marie, c’est douloureux, explique le docteur Brunner. La cryothérapie, elle, détruit la tumeur par congélation mais l’organe reste intact. C’est une recette de cuisine en fait! L’innovation, c’est fabuleux ! »