Les militaires nouvelle cible privilégiée ?
Une voiture a foncé, hier, sur une patrouille, blessant six soldats à Levallois-Perret. Le conducteur a été appréhendé, à la mi-journée, sur l’A16 dans le Pas-de-Calais
Une nouvelle attaque a visé les forces de l’ordre, hier, orsqu’une voiture-bélier a blessé six soldats à Levallois-Perret (Hauts-de Seine), avant d’être interceptée dans l’après-midi sur une autoroute dans le Pas-de-Calais, et le principal suspect arrêté. Après plusieurs heures de cavale, l’homme a été arrêté sur l’A16 au niveau de Leulinghen-Bernes (Pas-de-Calais) lors d’une interpellation « musclée » : il a été blessé par des tirs de policiers alors qu’il tentait de fuir. Un policier « a été blessé par balle à la jambe lors de l’intervention », selon une source policière. Le suspect serait un Algérien de 36 ans « en situation irrégulière » sur le territoire français selon francetvinfo.fr, Trois cents policiers traquaient depuis le début de matinée le véhicule qui a pris la fuite après avoir percuté un groupe de soldats de l’opération Sentinelle.
« Un acte délibéré »
Sur fond de forte menace terroriste en France, le gouvernement a dénoncé un « acte délibéré », et le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête. Les enquêteurs ont confirmé que le véhicule de location intercepté dans le Pas-de-Calais avait percuté les militaires à Levallois-Perret. L’homme interpellé est le suspect « principal, à ce stade », a souligné le Premier ministre Edouard Philippe. « Des perquisitions sont en cours », a indiqué une source judiciaire, sans plus de précision. Dans deux tweets quelque peu tardifs (19 h 38 et 19 h 40), Emmanuel Macron soutient les « militaires attaqués», rappelant que « la vigilance reste un devoir de tous les instants». Et félicite les « forces de l’ordre qui ont appréhendé l’auteur de l’attaque ». « Tous les moyens sont mis en oeuvre pour neutraliser » le ou les auteurs de l’attaque, avait souligné après le Conseil des ministres le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. La ministre des Armées, Florence Parly, a condamné un « acte lâche qui n’entame en rien la détermination des militaires à oeuvrer pour la sécurité des Français », et rendu visite avec le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb à trois des blessés à l’hôpital militaire Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Les militaires visés font partie du 35e Régiment d’infanterie de Belfort. L’état de santé des militaires blessés « n’inspire plus d’inquiétude », selon le chef du gouvernement. La ville cossue de Levallois-Perret abrite notamment la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). L’attaque s’y est déroulée peu avant 8 h en plein centre-ville, dans une rue piétonne et devant un immeuble HLM de douze étages où les militaires de Sentinelle disposent d’un local au rez-de-chaussée.
Débat sur Sentinelle
« Une voiture qui était dans le quartier est arrivée » vers le groupe de soldats, « elle roulait doucement, à cinq mètres à peu près des militaires, elle a accéléré de manière à pouvoir les percuter », a expliqué M. Collomb. « J’ai entendu un énorme bruit», a raconté un témoin, Thierry Chappé, un résident de l’immeuble, qui a vu depuis son balcon « deux militaires à terre, semblant inanimés », entourés d’une dizaine d’autres soldats. Sur le lieu de l’arrestation, dans le Pas-de-Calais, des dizaines de policiers cagoulés étaient mobilisés, avec des camions de pompiers et ambulances. L’A16 a été fermée dans les deux sens. Un hélicoptère du Samu s’est posé avant d’emporter, vraisemblablement, un blessé. « J’ai vu des voitures me doubler rapidement, avec les gyrophares. Je me suis arrêté. Les gendarmes sont sortis, ils ont couru derrière leur véhicule et commencé à tirer. Ca a pétaradé un petit peu à droite et à gauche », araconté un routier témoin de l’interpellation. « J’ai vu une personne sortir du véhicule [...]. Après les coups de feu, j’ai vu la personne tomber et après je me suis mis à couvert », a-t-il ajouté. Depuis janvier 2015, la France est visée par une vague d’attentats djihadistes qui a fait au total 239 morts. Les derniers ont tout particulièrement visé les forces de l’ordre, sur des sites emblématiques. Selon M. Collomb, c’est « la sixième fois » que l’opération Sentinelle, qui mobilise sept mille soldats en permanence en France depuis 2015, est visée [lire ci-contre] L’emploi massif de soldats sur le territoire national fait débat : certains politiques – surtout à droite – et militaires s’interrogent sur son efficacité, alors que les armées sont déjà très engagées sur les théâtres d’opérations extérieures, dans un contexte budgétaire tendu. Le 14-Juillet, le président Emmanuel Macron a annoncé que Sentinelle allait être revue « en profondeur ».