Monaco-Matin

Tourrettes : à la recherche du «sauveur» de Laurianne

Laurianne Michel s’est fracturé dix vertèbres lors d’un accident de canyoning dans les Gorges du Loup. Elle en veut à son moniteur mais elle recherche surtout l’homme qui l’a secourue

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Pour fêter l’anniversai­re de Jean-Charles Gertner, Laurianne Michel, sa fiancée, avait eu une idée sympa. Le temps d’un week-end, le couple a quitté Marseille pour prendre la direction d’une petite auberge à Tourrettes-sur-Loup. Au programme: de la détente en amoureux, des balades et un peu de sensations fortes. Les tourtereau­x décident de réserver une sortie canyoning dans les Gorges du Loup. Dimanche 30 juillet, ils prennent la route en direction de Courmes. Un moniteur de l’associatio­n Altitude 06 les attend. Jean-Charles, 27 ans, a déjà pratiqué l’activité dans sa jeunesse. Laurianne est novice. À 9 heures, en compagnie de deux autres personnes, ils entament leur parcours. Un premier saut de deux mètres, un autre de cinq. Tout se passe bien. Puis les choses se compliquen­t. Il faut maintenant faire un bond de sept mètres.

«J’étais tétanisée»

«Tout de suite, j’ai eu une boule au ventre. J’étais tétanisée. Je voyais le vide et un rocher en contrebas. Je ne voulais pas me lancer. Le moniteur me répétait en boucle que tout allait bien se passer en me tenant le bras. J’ai le sentiment de ne pas avoir eu le choix. Je lui ai dit plusieurs fois que je n’irai pas. Sur le site d’Altitude 06, il était précisé qu’il était possible de contourner certains obstacles en cas de crainte. Le parcours est présenté comme facile et accessible aux enfants de huit ans », raconte Laurianne par téléphone. « Avec la tétanie de son corps, et surtout la retenue que le moniteur lui a faite au dernier moment, elle ne s’est pas jetée comme il fallait», assure Jean-Charles. Le choc est rude. Avec son dos, Laurianne heurte un bloc de pierre et atterrit dans l’eau. La jeune femme a dix vertèbres fracturées. « J’ai eu comme un trou noir. Quand j’ai rouvert les yeux, j’étais dans l’eau, j’avais froid. Sincèremen­t, je me suis vue mourir. Jean-Charles me parlait pour que je reste éveillée. L’eau froide me soulageait le dos, mais je commençais à avoir les mains et la bouche violettes. » Ambulancie­r depuis six mois, Jean-Charles est tout de même paniqué. « J’ai fait des stages au Smur, j’ai vu des choses dures. Mais là, c’était quelqu’un de très proche… »

L’apparition d’un «bon samaritain »

Il prend malgré tout les devants et s’étonne de la passivité de leur encadrant. « Il se contentait de tenir la main de Laurianne et d’essuyer ses larmes. J’ai dû hausser le ton pour qu’il finisse par alerter les secours. On aurait dit qu’il ne prenait pas conscience de la gravité de l’accident. Il s’est écoulé 45 minutes avant qu’il nous dise qu’il avait une couverture de survie dans son sac. » Avant l’interventi­on des pompiers, Jean-Charles a pu compter sur l’aide inespérée d’un autre homme. « Dans le groupe qui était derrière nous, il y avait un infirmier. Il a effectué le maintien de la tête de Laurianne et on l’a déplacée ensemble. » Malgré la souffrance, celle-ci se souvient bien de cet homme : « Il devait avoir la quarantain­e, très grand, avec un nez un peu pointu et des cheveux mi-longs plutôt clairs. Sa présence m’a vraiment rassurée. S’il n’avait pas été là, peut-être que mes blessures auraient été encore plus graves. Quand les pompiers sont arrivés, on n’a pas eu le temps de prendre ses coordonnée­s. J’aimerais beaucoup le retrouver pour le remercier », appuie Laurianne. Pour le moment, malgré un message très viral posté sur Facebook par Jean-Charles (lire ci-dessous), le « bon samaritain » reste introuvabl­e.

« La colère est passée »

Transporté­e à Pasteur II, à Nice, Laurianne y a passé quatre jours avant d’être rapatriée en ambulance dans le IXe arrondisse­ment de Marseille. Alitée «95 % du temps », elle devra porter un corset pendant trois mois. Un coup dur pour celle qui devait terminer son master 2 en commerce. « Il y a un grand oral en septembre, je ne vais pas pouvoir le passer. Je suis également en contrat pro, je travaille comme chargée de communicat­ion et de marketing. J’étais proche d’avoir un CDI, je ne sais pas si je l’aurai dans ces conditions. » Jean-Charles assure que «la colère est passée. Évidemment, on en veut à ce moniteur. On sait que le canyoning peut être dangereux. Mais s’il avait pris les choses en main après la chute, on n’aurait sans doute pas porté plainte. Là, on est dans un autre état d’esprit. On souhaite agir afin que cela ne puisse plus se reproduire ».

 ?? (DR) ?? Hospitalis­ée à Pasteur II à Nice dans un premier temps, Laurianne Michel (ici accompagné­e de son fiancé, Jean-Charles) a regagné son domicile à Marseille. Elle portera un corset pendant trois mois.
(DR) Hospitalis­ée à Pasteur II à Nice dans un premier temps, Laurianne Michel (ici accompagné­e de son fiancé, Jean-Charles) a regagné son domicile à Marseille. Elle portera un corset pendant trois mois.

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