Monaco-Matin

Ghezzal, le pari de Jardim

Très apprécié par Leonardo Jardim, Rachid Ghezzal veut franchir un cap sur le Rocher

- MATHIEU FAURE

Décidément, quand un Lyonnais s’engage sur le Rocher, c’est toujours une petite révolution. Lorsque Farès Bahlouli avait rejoint l’ASM lors de l’été 2015, une fronde des supporters rhodaniens s’était fait entendre jusqu’au Louis-II. Là, c’est plutôt Jean-Michel Aulas, le président charismati­que des Gones, qui s’est épanché sur le départ de Rachid Ghezzal, en fin de contrat. En marge de la présentati­on de Bertrand Traoré, courant juin, le patron de l’OL avait joué la carte de la franchise : « Il était en fin de contrat. Le samedi, après le dernier match contre Nice, il m’a dit droit dans les yeux qu’il voulait resigner. On s’est mis d’accord avec son frère et puis voilà. Donc on a recruté Bertrand Traoré. Malheureus­ement, il est encore sur les livres jusqu’au 30 juin. C’est vraiment dommage parce que non seulement c’est un garçon de talent, mais en plus, je l’ai toujours soutenu malgré ses pépins physiques. On est toujours malheureux quand un joueur ne resigne pas. Pour moi, c’est un crève-coeur parce que c’est un garçon que j’aime bien. »

Brillant... au Louis-II

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le président des Gones joue la franchise. En août 2016, alors que la situation du joueur était déjà au coeur de tractation­s, Aulas se livre en zone mixte après un amical contre Benfica Lisbonne : « Pour Rachid, je reste persuadé que tout est possible. Notre plus grande volonté, c’est qu’il comprenne que son intérêt est ici. La communauté algérienne attend que Rachid signe et Rachid va signer ! Il faut lui dire : « Rachid, maintenant, arrête tes conneries et signe à Lyon !». Des preuves d’amour qui n’ont pas suffi à garder Ghezzal dans le 69. A Monaco, où il vient de signer 4 ans, Rachid Ghezzal sort pour la première fois de son cocon. C’est Leonardo Jardim en personne qui a recommandé le joueur. Un gaucher que le coach portugais apprécie depuis de nombreux mois. D’ailleurs, Jardim n’a pas oublié que la dernière défaite de l’ASM en Ligue 1 porte la marque de Ghezzal. En décembre au Louis-II, l’ex numéro 11 de l’OL est parfait et l’OL s’impose (3-1). Ce soir-là, on a vu tout ce que Ghezzal peut faire quand il est en confiance : technique, changement de rythme, efficacité, discipline défensive. Une prestation qui rappelle sa seconde partie de saison 2016 où l’OL va doubler l’ASM sur le fil dans la course à la deuxième place, porté par un immense Ghezzal (7 buts, 5 passes lors de la phase retour). Une deuxième partie de championna­t qui demeure son chef-d’oeuvre alors qu’il était boudé par Hubert Fournier et son 4-4-2 en losange en début d’exercice. Avec l’arrivée de Bruno Génésio sur le banc en janvier 2016, Lyon passe en 4-3-3 et Ghezzal s’éclate sur les côtés. Enfin, le gamin de Décines - il est né à côté de l’endroit actuel du Parc OL - prend la mesure de son club formateur. Membre de la génération 1991-1992 (Lacazette, Grenier, Ferri, Zeffane, Belfodil, Novillo) avec laquelle il sera champion de France CFA en 2010 et 2011, Ghezzal sera pourtant le dernier à intégrer le groupe profession­nel, la faute à des vilaines blessures. En 2013-2014, il sort une saison blanche à la suite d’une blessure au dos. Un physique déjà fragile en jeune où une hanche l’a longtemps fait souffrir (il avait une jambe plus courte que l’autre). Alors qu’il était en avance techniquem­ent sur tous ceux de sa génération, ses soucis physiques lui ont mis des bâtons dans les roues. Mais le destin a, aussi, bien fait les choses. Pour l’inaugurati­on du Parc OL, en janvier 2016, Lyon restait sur une série de cinq défaites en six matches. Six matches suivis depuis le banc de touche par Ghezzal... Alors là, dans la froideur de l’hiver, il va tout changer. Lyon et Troyes sont à égalité à un quart d’heure de la fin. Le gaucher réveille le formidable outil connecté d’une superbe frappe du gauche, venue nettoyer la lucarne de Paul Bernardoni pour redonner l’avantage aux siens dans ce match inaugural. Un but qui confirme que Ghezzal, talent encore brut, doit encore franchir des paliers. Ça tombe bien, en Principaut­é, Leonardo Jardim est devenu un expert en la matière. Le technicien portugais est aujourd’hui unanimemen­t reconnu pour faire progresser les jeunes. Après tout, Rachid Ghezzal n’a que 25 ans...

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(Photos AFP) Rachid Ghezzal a fait toutes ses classes à l’OL mais c’est avec le maillot de l’ASM qu’il évoluera en -.

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