Arnaque à la location d’été : le rêve devient cauchemar
Passer quelques jours d’été dans une petite villa sur la Côte d’Azur. Laisser tous ses soucis à la maison pour se ressourcer sous le soleil varois et au bord de la Méditerranée... Les vacances de rêve quoi ! Mais qui peuvent tourner au cauchemar lorsque, après dix heures de route, la fameuse villa, réservée en ligne des mois à l’avance, n’existe tout simplement pas. C’est malheureusement ce qui est arrivé à la famille Collin(1), fraîchement débarquée de Normandie samedi dernier, qui s’est retrouvée à chercher désespérément le numéro 51 de la rue FrancisMissa, à Saint-Raphaël. En vain, car ladite adresse est factice. « Nous avons tout d’abord parcouru la rue dans tous les sens et tentés d’appeler le (faux) propriétaire raconte Anaïs. À aucun moment, nous ne nous doutions être les victimes d’une arnaque. » Tout bascule lorsqu’ils demandent de l’aide à une riveraine : « Elle nous a alors expliqué que chaque année, des vacanciers se retrouvaient à chercher ce fameux numéro 51. Et qu’il s’agissait d’une escroquerie. » S’ensuit une course contre la montre, non sans stress, pour retrouver rapidement un point de chute. « Heureusement, nous avons été très bien accueillis à l’office de tourisme de Fréjus, qui a passé des dizaines de coups de fils à la suite pour nous trouver immédiatement une place dans un camping ». Puis, à peine installés, direction le commissariat pour déposer plainte. La scène qui attend les Collin leur paraît surréaliste : pas moins de cinq autres familles occupent déjà la salle d’attente. Toutes escroquées par la même personne… « C’était une scène dramatique, tout le monde pleurait, se souvient Anaïs avec émotion. La première chose qu’on nous a dite, c’est qu’on ne reverrait jamais notre argent et qu’il y avait peu de chance de retrouver le malfaiteur. Mais les policiers nous ont aussi assuré qu’ils étaient déterminés à mener à bien cette enquête, vu l’ampleur de l’affaire. ».
« L’annonce n’était pas suspecte »
Le montant du larcin ? 1 240 €, soit le montant des arrhes versées pour réserver le bien. Une somme rondelette payée par chèque au nom de Pierre Laho, une fausse identité, et envoyée à une boîte postale de Lyon. « L’annonce n’était pas suspecte affirme Anaïs. Le prix pratiqué n’était pas particulièrement faible. Nous avons pu contacter la personne par téléphone et sa voix était celle d’un homme d’âge mûr, avec une élocution exemplaire. Rien qui n’éveille les soupçons en somme. » Malgré tout, la jeune femme décide de procéder à quelques vérifications. « J’ai fait une recherche inversée du nom du propriétaire : rien de suspect. J’ai ensuite regardé ce que donnait l’adresse sur Google : il s’agissait bien d’un quartier résidentiel. Enfin, j’ai demandé davantage de photos : j’en ai eu une dizaine d’autres, sans souci. » Autant de précautions qu’il est souvent conseillé de prendre mais qui n’ont, cette fois-ci, pas permis de déjouer le malfaiteur. « Lorsque l’arnaque est bien montée, il est très difficile de la repérer, explique la commissaire Béatrice Fontaine. Et quand les victimes s’en rendent compte... difficile de retrouver les auteurs, car ils ont mis les voiles depuis longtemps. » Résultat, pour les Collin, « les vacances sont gâchées, souffle Anaïs. On tente de faire bonne figure devant les enfants, mais je ne cache pas que c’est dur. On pense que ça n’arrive qu’aux autres, qu’on est trop malin pour se faire avoir... mais non. Désormais, ce que nous souhaitons, c’est nous regrouper avec les autres victimes pour avoir plus de poids et se battre pour éviter que ces mêmes individus ne s’attaquent à d’autres personnes ». 1. Les nom et prénoms ont été changés.