Sentinelle en question après l’attaque de Levallois-Perret
Alors que le suspect qui a foncé sur des militaires dans les Hauts-de-Seine était toujours hospitalisé hier, le débat a été relancé sur l’opération menée par l’armée
Cette nouvelle attaque a relancé le débat sur l’opération Sentinelle, qui mobilise 7000 soldats en permanence depuis 2015. Pour des experts, ces militaires sont désormais surtout des « cibles ». Le 14 juillet, le président Emmanuel Macron a annoncé que le dispositif allait être revu « en profondeur ». Le suspect, qui a foncé avec son véhicule sur six militaires mercredi à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), était toujours hospitalisé hier au CHU de Lille. Hamou B., un Algérien de 36 ans, touché par cinq balles lors de son interpellation, « n’est pas encore audible », a déclaré une source policière. En raison de son état de santé, sa garde à vue avait été rapidement levée. Elle reprendra quand les médecins jugeront son état compatible avec cette mesure. L’homme, qui n’est pas fiché S (« sûreté de l’État »), était jusque-là seulement connu pour une infraction à la législation sur les étrangers, selon cette source policière. Mais l’homme au profil discret (lire encadré) est actuellement en situation régulière. Depuis les attentats djihadistes de 2015, il s’agissait de la sixième attaque con- tre Sentinelle.
Tout « remettre à plat » ?
Une opération qui soulève désormais des questions mais aussi des critiques. « Ce n’est pas l’opération la plus opportune car la plupart des interventions visent [pour les militaires, ndlr] à se protéger soi-même », a annoncé la députée de La France insoumise Clémentine Autain sur franceinfo. «Le dispositif est évidemment à remettre à plat », a estimé de son côté le député LR Daniel Fasquelle. Les militaires « ne sont pas formés » pour ce genre de mission, a-t-il ajouté sur RMC. « Il faut avant tout annuler la baisse du budget de l’armée », a affirmé Florian Philippot, vice-président du FN, en référence aux coupes controversées de 850 millions d’euros dans les crédits de la défense en 2017. Sentinelle « montre la contribution de l’armée française, de l’armée de terre à la sécurité du pays », a plaidé sur RFI le président de l’Assemblée nationale François de Rugy (REM). « La défense du territoire national fait partie des missions de l’armée ». Le député PS Stéphane Le Foll, ancien porte-parole du gouvernement Hollande, qui avait mis en place Sentinelle, a réclamé sur France Inter de la « cohérence » concernant ces militaires déployés dans les rues : « Dire du jour au lendemain qu’on les ferait disparaître, ce n’est pas la solution ».