Monaco-Matin

Claude Barzotti : « Il y a un Dieu pour les chanteurs et les ivrognes »

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

« Je chantais en français, avec une voix à l’italienne. »

ÀCannes, le miracle Barzotti s’est produit. Grimaçant de douleur, tremblant de quasiment de tout son corps, le Rital a néanmoins donné son récital. Une heure plus tôt au Golf Hôtel de Mandelieu, le chanteur vedette des années 1980 nous confiait pourtant ses doutes : « Ce soir, je ne sais vraiment pas si je vais pouvoir le faire… » La faute à deux côtes fêlées, après une mauvaise chute dans l’escalier. Et puis cette santé fragile, dont les reins (il ne lui en reste qu’un) ont payé les excès d’un succès trop arrosé. « Les côtes, ça fait très mal. Ça m’est déjà arrivé il y a 25 ans, alors que je rendais visite à Lara Fabian. Je roulais trop vite, et j’avais beaucoup bu… » Cette fois, Claude se commande un Perrier. Mais au moment de verser dans le verre, le geste est quasi-sismique. Séquelles d’une longue errance éthylique, que l’auteur de Je reviens d’un long voyage a tenté d’exorciser. « Ça fait deux ans que je ne touche plus au whisky, ni au Bacardi. Mais il m’arrive encore de boire une bouteille de blanc. Je ne suis pas un saint ! confesse l’ancien alcoolique non anonyme. J’ai fait de nombreuses cures de désintoxic­ation, mais c’est un combat à vie. Les médecins ne comprennen­t pas : je suis un survivant… » L’alcool, ou le vice caché d’une soudaine notoriété, mal assurée et mal assumée. « Je suis vraiment tombé à 33 ans. On me remettait un disque de platine [à partir de 100 000 ventes, ndlr] à Paris, tous les grands pontes de la musique étaient là et moi, j’étais extrêmemen­t timide. Un plateau est passé avec un joli verre carré. J’ai bu… Cinq minutes après, j’étais à l’aise, je parlais à tout le monde. Après, c’est devenu une habitude. » Une fois, avant un concert, l’abus de liqueur jaune lui vaut même un carton rouge. « Mon manager m’a vu, il m’a dit: t’es trop bourré, va dormir ! en rigole-t-il. Mais quel que soit mon état, sur scène, j’ai toujours su me transcende­r. Il y a un bon Dieu pour les chanteurs et les ivrognes. » En nous racontant tout cela, Claude Barzotti cherche un peu ses mots, dans une pensée parfois chaotique. Ce pourrait être pathétique. Mais c’est émouvant. Celui qui fait la joie des fans d’Âge tendre et têtes de bois a conservé un charisme magnétique. Latin lover au charme romantique ? « Ah, j’étais très complexé, avec un gros nez et de grandes oreilles, et si on me regardait, je titubais , détrompe ce séducteur qui chantait Beau, j’s’rai jamais beau. Vous savez, on croit parfois que je n’ai écrit que des chansons d’amour pour les femmes, mais j’ai aussi chanté la tendresse d’une mère, la gloire d’un père. Et puis finalement, je n’ai connu que des amours de passage… » Sauf avec ses fans, dont beaucoup lui restent malgré tout fidèles. À travers le monde et les années. « Quand ça allait moins bien dans un pays, j’ai toujours eu la chance que ça marche dans un autre ,seréjouit-il, alors qu’il continue d’écrire et composer en vue d’un prochain album. Lors de la tournée Âge tendre… sincèremen­t, je ne pensais pas que le public m’aimait toujours autant.» Gloire ou déboires, Claude Barzotti, c’est l’ivresse d’une vie.

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Entre autodérisi­on et séduction, Claude Barzotti continue de se produire tant bien que mal en tournée, lorsque sa santé le lui permet. « La musique, au fond, je ne sais faire que ça » , justifie-t-il. Pourquoi tant de succès chez nous ?

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