Monaco-Matin

Le facétieux silencieux

Arrivé en 2013 sur le Rocher, Joao Moutinho cultive à la fois un rapport à la lumière très particulie­r, notamment à la presse, alors qu’il est un véritable trublion en interne

- MATHIEU FAURE

Double passeur décisif contre Toulouse pour l’ouverture du championna­t, Joao Moutinho a bien débuté sa saison alors qu’il n’a repris l’entraîneme­nt que le 24 juillet. Rentré tardivemen­t en Principaut­é à la suite d’une saison rallongée avec la Coupe des Confédérat­ions, le Portugais entame son cinquième exercice sur le Rocher, lui qui est arrivé durant l’été 2013 en même temps que Falcao et Fabinho. A 30 ans, le numéro 8 monégasque n’a plus qu’une saison de contrat et rien ne semble pour l’heure indiquer qu’il quittera Monaco cet été. A l’instar de Falcao, peut-être qu’une prolongati­on de son bail sur la French Rivieira, où sa famille se sent bien, n’est pas à exclure. Face à la presse, l’homme est taiseux, accorde peu d’entretiens individuel­s et n’a pas fait de l’exercice de la zone mixte sa marque de fabrique.

« Il a  ans mais c’est un gamin »

On pourrait croire le garçon triste, fermé, calme. La réalité est bien différente à en croire ses coéquipier­s, à commencer par Thomas Lemar : « Moutinho, c’est le pire. C’est un père de famille, il a 30 ans mais c’est un gamin (rires). Une fois, on se décrassait tranquille­ment après un gros match, on trottinait autour du terrain et il m’a chopé les deux chevilles par-derrière et je suis tombé direct en avant. Il est constammen­t comme ça ». Certains se souviennen­t d’ailleurs de la soirée du titre de champion de France où la légende affirme que Joao Moutinho fut l’un des meilleurs soldats de la nuit avec Benjamin Mendy, Nabil Dirar et Tiémoué Bakayoko. « C’est un mec qui met l’ambiance dans le vestiaire, on ne croirait pas de l’extérieur mais il est toujours là à cacher des trucs, à faire des blagues de malin », détaillait Valère Germain peu après le titre en mai dernier. Trublion dans le vestiaire mais loin de faire rire sur le terrain tant le joueur a su, après des débuts compliqués, se rendre indispensa­ble. Même le passage en 4-4-2, qui aurait pu lui être préjudicia­ble physiqueme­nt, n’a pas eu d’impact sur son rendement. Au contraire. Sur la deuxième partie de saison, il fut l’un des hommes décisifs du sprint avec Nabil Dirar et Kylian Mbappé. Clown en privé, sérieux et appliqué sur le pré, l’internatio­nal portugais (102 sélections, 7 buts) a surtout parfaiteme­nt encadré tactiqueme­nt la jeunesse monégasque. Précieux sur coup de pied arrêté, mais aussi dans la transmissi­on rapide, le Portugais doit jouer et peu importe le schéma. « Ce n’est pas où il doit jouer qui compte, c’est qu’il joue », disait Claudio Ranieri en 2013. Rien n’a changé.

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(Photo Jean-François Ottonello) Face caméra, l’homme est de marbre. Derrière, c’est un clown. Voici Joao Moutinho.

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