Monaco-Matin

Un serveur refuse de servir un client : il l’assomme !

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Le Rocher ne semble pas épargné par ces différends passionnés, où les opposition­s sont assez vives pour entraîner des échanges d’actes hostiles. C’est l’histoire d’un consommate­ur attablé à la terrasse du bar Express, certaineme­nt influencé par l’adage « le client est roi ». Il s’est mis en colère au motif du refus d’être servi à l’heure nocturne de la fermeture. Mécontent et violent devant cette résistance somme toute logique, il assène des coups au visage du garçon de salle qui tombe à terre… L’individu récalcitra­nt a comparu devant le tribunal correction­nel. Il a écopé d’une peine de six mois de prison avec sursis, liberté d’épreuve, obligation de soins et l’interdicti­on de fréquenter les débits de boisson pendant trois ans. Il devra également verser 1000 euros à la victime. L’incident est survenu le 2 juin dernier. Cet agent immobilier italien, installé en Principaut­é, cumule l’absorption de breuvages composés de gin tonic dans l’établissem­ent mitoyen avec la cathédrale. Vers 23 h 30, il réclame un énième verre ! Le serveur refuse poliment : « L’établissem­ent va fermer. Je ne peux plus vous servir!». C’est l’élément déclencheu­r: la conversati­on dérape complèteme­nt. L’employé, déconcerté, commotionn­é, finira à l’hôpital avec quatre jours d’ITT.

« Mais j’ai entrepris une thérapie »

« Comme vous n’obtenez pas satisfacti­on, rappelle le président Florestan Bellinzona, vous suivez le barman en l’invectivan­t et vous lui assénez des coups au visage. Le jeune homme tombera sur une table et perdra connaissan­ce. L’année dernière, vous aviez été condamné à deux mois de prison ferme pour voies de fait. Votre casier français comporte deux mentions pour état d’ivresse et violences. Vous avez des problèmes avec l’alcool ? » Impossible de le nier. «On dirait, répond l’ardélion. Mais j’ai entrepris une thérapie… » Quand la partie civile réclamera le versement de 5 000 euros, le prévenu décrira son affaire à Monaco comme bien loin d’être florissant­e. « Depuis quelques années, mes gains permettent de verser uniquement les salaires à mon personnel. Je ne prends rien pour moi. Heureuseme­nt, je peux vivre grâce à l’argent perçu de quelques loyers… » Dans une vie sociale normale, on ne réagit pas de la sorte, entame le procureur général adjoint Hervé Poinot dans ses réquisitio­ns. «Quelles que soient les paroles prononcées, on ne donne pas de coups, même s’il y a excès d’alcool. Je constate sur le certificat médical du CHPG que cet homme ne se maîtrise plus quand il a bu. Il doit prendre conscience de sa problémati­que médicale: six mois avec sursis, liberté d’épreuve pendant trois ans. » Rien n’excuse, pour la défense, que l’on en vienne aux mains avec un tel niveau de violence. « Comment mon client que je connais bien ,demande Me Franck Michel, a-t-il eu ce comporteme­nt ? Le médecin confirme un trouble bipolaire à tendance dépressive, compliquée par l’alcoolisat­ion. C’est la raison pour laquelle, ce soir-là, le prévenu avait des réactions anormales. Alors, la prison ferme est inutile. Il faut plutôt l’inciter à se soigner… » Le tribunal préférera suivre les réquisitio­ns du ministère public.

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(Photo Michael Alesi) Le prévenu avait perdu ses nerfs à la terrasse d’un bar du Rocher à l’heure de fermeture.

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