Patrick-Elvis : une vie vouée au King Presley
Fan de la première heure, riche d’un trésor de souvenirs, un Niçois évoque la passion qu’il voue depuis toujours au chanteur, dont on célèbre, aujourd’hui, les 40 ans de la disparition
Aujourd’hui, il va allumer des lumignons rouges tout autour du portrait du King. Patrick Barcelona le fait toujours pour l’anniversaire de sa mort. Cela fait 40 ans… Pareil le jour de sa naissance, le 8 janvier. Des bougies. Pour Elvis Presley. Son idole, son dieu, son gourou musical. Ce Niçois, employé de la métropole Nice Côte d’Azur, habitant l’Est de Nice, vit dans le culte du chanteur mythique des débuts du rock’n’roll. Elvis est partout avec son regard langoureux, son nez droit, sa bouche pulpeuse. Affiches, posters, disques, dont une centaine de vinyles, DVD, silhouette grandeur nature détourée dans du carton, statuette, poupée Barbie collector, buste, livres, répliques de vêtements… Le modeste séjour de Patrick est dédié à Elvis. Sanctuarisé. Le fan y écoute, réécoute en boucle les tubes du King. « Je les connais par coeur, même si je ne maîtrise pas l’anglais. » Son préféré ? « Suspicious Minds. » Patrick naît à Oran. En 1957. «Je suis né le jour où Elvis Presley a acheté Graceland, sa résidence à Memphis, dans le Tennessee.» Un signe ? Il a 4 ans. Ses parents l’amènent au cinéma Rex d’Oran, où on projette un film musical de la star. « J’avais du mal à prononcer son nom. À l’époque, on ne l’entendait pas souvent à la radio. » En 1962, la famille s’installe à Nice. «J’ai vu son comeback à la télé, en 68. Ce fut la révélation ! » Engrenage affectif. Groupie attitude. Virus permanent. Ce qu’il aime dans cette légende du rock ? Tout. « La voix, le physique, les déhanchements, le côté rebelle. Il a quand même révolutionné la musique moderne mondiale. »
Pèlerinages aux States
L’adolescent devient alors pilier des magasins de microsillons de l’avenue JeanMédecin et de la rue Gioffredo à Nice. Cela ne suffit pas. La Kingmania le cheville au corps, à l’âme, à travers la composition méthodique et passionnée d’une impressionnante collection. Patrick devient membre d’un fan-club parisien, « Elvis my happyness », achète tous les objets qui sortent à l’effigie du rocker. À Nice et dans la région, il se lie d’amitié avec des musiciens. « On se retrouve régulièrement pour perpétuer sa mémoire et je les en remercie. » Et puis, les voyages. Trois déplacements aux EtatsUnis. 2007, 2010 et 2012 pour les 35 ans du décès du chanteur à l’âge de 42 ans. Des périples qui conduisent Patrick à Memphis, Las Vegas, Nashville, Los Angeles. «J’ai vu sa maison natale, son église gospel, l’immeuble où il vécut lorsqu’il avait 13 ans et qu’il était pauvre. Évidemment, à Memphis, j’ai visité Graceland. C’est magnifique ! On peut accéder à toutes les pièces, au musée de motos, aux costumes… Je me suis recueilli sur sa tombe, où reposent sa grandmère, ses parents, son frère jumeau… Je suis même allé à Hawaï, où il possédait une demeure. »
Rencontres uniques
D’une chemise, Patrick sort presque religieusement une photo : on le voit aux côtés du maître de karaté d’Elvis, Kang Rhee, une ceinture de toile nouée autour du corps. « C’est celle d’Elvis. La vraie. Il était champion de karaté. J’ai eu la chance de la toucher, de la porter… » Ses yeux brillent. Il cite tous les proches d’Elvis qu’il a eu le bonheur de rencontrer : Bernard Lansky, son costumier dans le civil. « Je l’ai connu en 2007 dans son magasin de tailleur de Memphis. » En 2009, à Paris, Patrick fait la connaissance des ex-choristes. Lors d’une croisière à thème entre Venise, Athènes et la Croatie en 2013, il embarque en compagnie de Priscilla Presley, l’ex-épouse, les anciens musiciens devenus papys, James Burton, Glen D. Hardin, Ronnie Tutt, plus l’ancien garde du corps. Photos souvenirs, dédicaces, vidéos. Des trésors inestimables pour le Niçois émerveillé d’avoir pu côtoyer, quelques minutes, des intimes de l’excentrique personnage.
Elvis soldat aussi
Il pousse l’idolâtrie jusqu’en Allemagne, à Bad Nauheim, où Elvis a fait son service militaire. Voici un énième cliché. «Sa chambre, à la caserne. » Ainsi qu’un autre : la rencontre avec l’ami d’armée, Joe Esposito. Fanatisme pur. Envahissant. Mais inoffensif. C’est avec bienveillance que les proches de Patrick et les commerçants du quartier l’appellent naturellement «Elvis». Bien que le crâne lisse et la sobriété effacée de l’admirateur ne ressemblent en rien à la crinière bananée et aux caprices du King.