Monaco-Matin

Francis Huster: «Laspalès va se révéler en homme à femmes»

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Il fallait bien la motivation de retrouver ses partenaire­s et « la magie des lieux » qu’il a autrefois pratiquée avec son acolyte Philippe Chevallier, pour décider Régis Laspalès à faire près de 2 000 kilomètres sur les routes pour se produire au Festival de Ramatuelle dans À droite à gauche signé Laurent Ruquier… Car c’est un fait, le Parisien qui incarne un « ouvrier chauffagis­te de droite » honnit pardessus tout chaleur et plage… Avec Francis Huster, qui a repris son rôle de « comédien de gauche » après l’avoir cédé à Jean-François Balmer en avril dernier à Paris, la complicité est digne du bac à sable. Le duo offrant au cours de l’entretien des échanges et des postures dignes d’une pièce improvisée sous le regard expert du metteur en scène chevronné, Steve Suissa…

“Il est dans la lignée d’un Villeret, Coluche et Galabru”, dit de vous Francis. Vous prenez ? Régis Laspalès : (il sourit avec gêne avant de répondre avec son inimitable diction) Je les aime beaucoup. Si Francis voit en moi certaines qualités de ces acteurs, ça me fait très plaisir. Alors c’est vrai que j’ai un peu le même emploi qu’eux… J’aime jouer ce genre de personnage comme je l’ai fait pour le Pignon du Dîner de cons. Francis Huster : Jean Poiret et Michel Serrault, exactement comme Philippe Noiret et JeanPierre Darras, ont fait leur carrière à la fois ensemble et en solitaire. Si Chevallier, acteur très intéressan­t, commet l’erreur de ne pas interpréte­r les grands rôles qui sont devant lui – je pense à du Anouilh où il serait parfait – c’est dommage, car il n’amplifiera pas son talent. Et je pense que c’est pareil pour Régis. Weber et moi aussi on n’arrêtait pas de jouer ensemble. À un moment, il a bien fallu se séparer. Son talon d’Achille, c’est d’avoir abandonné sa séduction et de jouer au bon bougre comme l’avait fait Bourvil ou Serrault… Laspalès est, je pense, un homme à femmes ! Quand il va commencer à jouer ce genre de rôle à la Simenon, il sera merveilleu­x ! R. L. : (sourire en coin) Oui oui oui, des femmes voilà ce qu’il me faut ! Enfin sur scène… C’est où je me sens chez moi. Contrairem­ent à nombre d’autres comédiens, je n’ai pas cette angoisse du lever de rideau. F. H.: Ah oui, c’est le héros de la connerie ! Ruquier, homme de gauche, a réussi à faire une pièce où il magnifie l’homme de droite ! Mais j’ai beaucoup le trac car c’est la seule fois de l’été où l’on joue la version réécrite de la pièce en lien avec l’élection de Macron… À Ramatuelle, j’ai repris le rôle un temps laissé à Jean-François Francis Huster, qui a tourné deux fois sous la direction de Jeanne Moreau, se souvient… « Je l’ai aimé. C’était une femme pieuvre et on savait qu’avec elle il fallait s’arrêter un jour… Avec son culot, elle a ouvert les mêmes portes au cinéma que George Sand en littératur­e. Comme il y a un Prix Gérard-Philipe ou Jean-Gabin, j’espère

un Prix Jeanne-Moreau qui représente­rait une certaine conception de ce métier. » Balmer car je me produisais pour  dates dans Avanti .La différence c’est que Balmer est un homme de droite, donc pour lui c’était un vrai pari de jouer ce comédien de gauche ! En fait, il jouait les deux rôles en même temps. (rire) F. H. : Ah oui ! Il a le sens qu’avait Oury des duos impossible­s. On n’imaginait pas Montand ou Bourvil avec De Funès. Il a cette qualité qui lui vient de sa propre vie. Car lui-même est double : il y a Laurent le Magnifique qui travaille en solitaire à la maison et l’autre, Seigneur Ruquier, celui de la télévision. R. L. : La vraie passion de Ruquier est le théâtre, je pense… F. H. : Il sera obligé de passer de l’un à l’autre à longueur de temps… Même si en France on vous colle des étiquettes. (il s’emporte) Ce métier n’est qu’une bande de faux-culs à  % ! Des traîtres, des menteurs, des hypocrites… qui se sont conduits par exemple avec Brialy comme des chiens simplement parce qu’il était homosexuel… (R. L.) Bon, moi je ne pourrais pas faire Dom Juan. Quoique, après ce que Francis a dit… (F. H.) Le Misanthrop­e sans discussion. C’est la plus grande pièce d’amour. C’est celle où tout rate ! Molière est le seul qui dit la vérité…

Légion d’honneur ou Musée Grévin ? (F. H.) Les deux, car j’ai la Légion d’honneur et je suis au Musée Grévin ! (rire)

Veber ou Ruquier ? (F. H.) Veber est une légende mais Ruquier, parce qu’il peut le devenir ! (R. L.) Ils ne sont pas au même moment de leur carrière, mais on est persuadé du potentiel de Ruquier.

(R. L.) Bouvard qui reste celui qui m’a fait connaître du grand public. (F. H.) Bouvard a failli me tuer avec sa bagnole américaine à Paris. J’étais dans la rue avec une amie et il a pilé devant moi. Je ne voyais même pas le conducteur… Que ses mains ! Puis il a sorti la tête, c’était lui ! (fou rire)

 ?? (Photos Luc Boutria) ?? Francis, allez-vous être à l’origine du « divorce » d’avec Chevallier en l’incitant à se lancer en solo ? Francis, vous qui me disiez ne pouvoir incarner que des héros, ce rôle s’ajoute-t-il à la collection ? Jeux de mains, jeux de comédiens à...
(Photos Luc Boutria) Francis, allez-vous être à l’origine du « divorce » d’avec Chevallier en l’incitant à se lancer en solo ? Francis, vous qui me disiez ne pouvoir incarner que des héros, ce rôle s’ajoute-t-il à la collection ? Jeux de mains, jeux de comédiens à...

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