« Surtout, dis bien que Higuain est un ‘‘bâtard’’... »
Le 15 août est un jour particulier en Italie. C’est Ferragosto, soit le jour de l’Assomption de Marie. Et puisqu’on ne plaisante pas avec la religion et ses traditions de l’autre côté des Alpes, quelques commerçants napolitains ont fermé boutique pour deux jours. « La Trattoria da Nenella »,
une cantine populaire des quartiers espagnols qu’on nous avait vivement recommandée, ne nous a donc pas ouvert ses portes. Raté pour le coup, mais le dédale de ruelles aussi atypiques et colorées qui jouxtent le centre historique de la ville nous portera jusqu’au bar de Rallo Rosario, dans le quartier Pendino. « Maradona habitait là, à 200 mètres », nous indique du doigt le patron du « New Polo Sud ». Une tournée de bières et quelques patatine (chips) permettent à notre interlocuteur d’en raconter encore un peu plus devant ce cliché vieux de 33 ans qui le montre bras dessus-bras dessous avec le «Dieu» napolitain.
« La vera pizza »
Ici, Diego est intouchable. Il est dans le coeur de tous les Napolitains. Il est unique et incomparable. Messi ? C’est un fuoriclasse (un joueur audessus du lot) mais s’il veut être comparé à Maradona, il doit gagner une Coupe du Monde et deux championnats avec une équipe du niveau de ce Napoli des années 80.» Le mythe dispose d’un crédit inépuisable, mais aussi des clés de la ville depuis quelques mois. « C’est le patron ici ! Il n’y en aura jamais deux comme lui. Même si Hamsik est en train de devenir aussi une légende pour les Napolitains...» Fiers de leur ville et de leur club, nos hôtes sont tout aussi ravis de conter l’histoire de leur club à quelques
Francesi. Le temps de nous expliquer le concept du café suspendu (un café que l’on paye mais que l’on ne consomme pas afin qu’un citadin démuni puisse en profiter au cours de la journée), de nous confier leur sérénité quant à la rencontre à venir et de nous indiquer quelques bonnes adresses dans le centro storico où
manger « la vera pizza » (la vraie pizza), Rallo nous rattrape au vol. Son ami Gaetano a quelque chose de très important à
nous confier. « Surtout écris bien dans ton journal que Higuain est un ‘‘bâtard’’. C’est un traître qui ne peut plus mettre un pied à Naples ! » Au détour de nos débats enflammés sur la cause football, Rallo, clope au bec, avait voulu nous offrir l’apéritif. La classe, à l’italienne... Sur ses conseils, nous avons découvert le délice de la pâte fine d’une Buffalina àla
«Pizzeria del Presidente» , un resto appelé ainsi depuis que Bill Clinton, entre autres, est venu manger un bout de Margherita. Une institution, en somme, où Ezequiel Lavezzi avait ses repères et où l’on vous convie à
l’intérieur au mégaphone, après une bonne heure d’attente. “Menichini, cinque
(cinq) !” Un moment hors du temps, comme celui passé en compagnie de Gianfranco (1), un chauffeur de taxi que l’on qualifiera poliment de fantasque et créatif. Amoureux de son klaxon, friand des virages en quatrième, des dépassements sur voie inexistante, notre guide nous fera une dernière confidence une fois arrivés à notre hôtel qui domine la sublime baie de Naples. « Là tout près, vivait Maradona...»
A Naples, la légende de Diego est partout.