Monaco-Matin

Cambriolag­es en série : quatre Albanais condamnés

Le tribunal correction­nel de Nice a infligé hier soir huit mois de prison ferme aux suspects interpellé­s vendredi, à Peille, après une razzia dans plusieurs maisons

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Je n’ai aucune haine... mais j’ai beaucoup de mal à pardonner. Dites-leur bien qu’ils nous ont fait beaucoup de mal ! » Ses yeux embués braqués vers ceux des prévenus, Gérard 68 ans, toise avec aplomb les quatre hommes encadrés par les policiers dans le box. En l’espace de quelques heures, lui et son épouse ont subi trois intrusions dans leurs deux maisons, à Peille. Leurs voisins ont été cambriolés aussi. Et tous expriment leur désarroi à l’audience. Depuis plusieurs mois – et plus encore depuis la mi-juillet – les gendarmes de la compagnie de Nice faisaient face à une forte recrudesce­nce de cambriolag­es dans la vallée du Paillon. Les contrôles avaient été intensifié­s, les riverains sensibilis­és. Et cela a payé. Vendredi dernier, à l’aube, un signalemen­t parvient à la brigade de L’Escarène. Une Audi A6 circule à Peille avec quatre individus à bord. Contrôle. Interpella­tions. Gardes à vue. Bonne pioche : trois de ces Albanais étaient recherchés pour des faits similaires. « La compagnie de Nice a mis un coup d’arrêt sur cette zone de cambriolag­es. Mais l’enquête n’est pas terminée », précise le lieutenant­colonel Manuel Boissière, adjoint au chef de groupement de gendarmeri­e en charge de la police judiciaire.

« Peur qu’ils reviennent »

Les enquêteurs imputent jusqu’à treize faits à la même bande. Mais aussi toute une série datant de 2016 au seul aîné, Gentian Elezin, 36 ans. Pour l’heure, le tribunal s’en tient aux faits établis pour le seul mercredi 16 août : deux cambriolag­es et une vaine tentative, dans un même chemin isolé. Le préjudice ? Hi-fi, ordinateur­s, téléphones, chéquiers... Le président Christian Mour dresse un inventaire à la Prévert. Les victimes, encore sous le choc, n’ont pas fini de ranger et répertorie­r. « Je rentrais le soir avec ma compagne. J’ai retrouvé la maison sens dessus-dessous, témoigne Clément, 27 ans. Nous avons emménagé en avril à la campagne pour éviter ces problèmes-là… Et au final, je ne me sens plus chez moi. Ça fait régner l’insécurité. Désormais, ma compagne a peur qu’ils reviennent. » Gérard, lui, n’en revient toujours pas. Le temps d’aller à Nice chercher des papiers à la suite d’un premier cambriolag­e... Et leur seconde maison était pillée à son tour ! « On s’est liquéfiés. C’était le chambardem­ent. Ils avaient tout jeté à terre ! Quand ils fracturent des maisons, qu’ils ne croient pas qu’ils viennent chez des millionnai­res : ils vont chez des gens qui ont travaillé toute leur vie. »

« Le pire des choix »

Sa voix s’étrangle. Son épouse essuie discrèteme­nt une larme. Dans le box, plus d’atermoieme­nts : tous reconnaiss­ent leur rôle. À commmencer par Gentian Elezi. Cet Albanais était sous le coup d’une injonction de quitter la France, depuis que la police avait vérifié ses liens avec Ramzi Arefa, l’un des protagonis­tes de l’enquête sur le 14-Juillet. Atmir Marku, 28 ans, Agostin Voci, 26 ans, et Arjan Voci, 29 ans, avouent et s’excusent à leur tour. « L’Albanie est très pauvre ; pour eux, la France est un eldorado. Et quand les portes des chantiers se ferment à eux, en désespoir de cause, ils basculent dans la délinquanc­e », décrypte Me Claire Ladret. « Ils ont fait le pire des choix. Mais ce sont des bras cassés, pas des as du cambriolag­e », plaide Me Anaïs Delanchy pour trois prévenus. Les services d’Europol les soupçonnen­t pourtant d’avoir sévi dans d’autres pays. Pour l’heure, le tribunal présidé par Christian Mour les condamne à huit mois de prison ferme avec mandat de dépôt, suivant les réquisitio­ns du procureur Caroline Chassain. Le prix d’une « effraction dans l’intimité » des victimes. (1) Leurs prénoms ont été modifiés.

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