Monaco-Matin

Nice : la caserne Ausseur reçoit l’arme de son héros

- SOFIA NITTI

Dans une vitrine de la salle d’honneur, au premier étage de la caserne Bernard-Ausseur avenue Sainte-Marguerite à Nice, pistolet et calot trônent sous la photo de leur propriétai­re. Sur le bonnet en feutre bleu, le trou qui coûta la vie au courageux soldat. Il y a soixante-treize ans jour pour jour aujourd’hui, le lieutenant de gendarmeri­e Bernard Ausseur mourait à 22 ans à la tête de ses hommes, lors d’un accrochage avec les troupes allemandes. Cette action lui valut la Légion d’honneur et la Croix de guerre 1939-1945, remises à titre posthume. Hier après-midi, dans la caserne baptisée en son nom il y a une cinquantai­ne d’années, ce héros de la Seconde Guerre mondiale a été célébré par son neveu, Pascal Ausseur. Le vice-amiral d’escadre, préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, a remis les effets personnels de son oncle aux gendarmes de l’avenue SainteMarg­uerite. «Je n’ai pas hésité : évidemment, l’endroit où ses vestiges doivent être, c’est la caserne qui porte son nom. Ça n’appartient pas à ma famille mais au pays», détaille celui qui a retrouvé par hasard ces reliques, en rangeant la maison familiale. Un héritage accueilli avec fierté. «Son nom incarne le sens de l’honneur, son exemple nous guide et nous encourage, souligne le lieutenant Henri-Louis Deiber, commandant par suppléance du groupement des Alpes-Maritimes. Son abnégation et son amour de la patrie en font un modèle à suivre, non seulement pour les gendarmes mais pour tous les Français ».

«Chacun apporte sa gloire »

Né à Brest (Finistère) en 1921 et aîné de quatre frères, le jeune Bernard rejoint les Forces françaises de l’intérieur (FFI) basées en Ardèche en février 1944. Six mois après, il se distingue en attaquant, avec onze autres soldats, un convoi allemand d’une cinquantai­ne d’hommes lourdement armés. Les ennemis sont neutralisé­s, mais le leader est mortelleme­nt blessé par un éclat à la tête. Un traumatism­e pour sa famille, déjà lourdement endeuillée par le premier conflit mondial. Par réaction, personne n’ose aborder le sujet. Ce n’est qu’en 2004 que Pascal Ausseur, alors en poste à Toulon, découvre l’existence d’une caserne arborant le nom de son aïeul. En 1944, les résistants d’Ardèche dépendaien­t du groupement de la légion de gendarmeri­e de Nice. C’est ainsi que la mémoire de Bernard Ausseur reste célébrée sur les collines niçoises. « Comme des milliers d’autres, ce jeune a tout donné pour la France. Il se trouve que c’est mon oncle, mais chacun est responsabl­e de ses actes et apporte sa gloire personnell­ement», conclut humblement le quinquagén­aire. À ses côtés, le portrait en noir et blanc de son ancêtre lui renvoie le même regard valeureux.

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(Photo Franck Fernandes) Le vice-amiral d’escadre Pascal Ausseur (à gauche) fait don des vestiges de son oncle à la caserne Bernard-Ausseur, à Nice.

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