La belle expo des étudiants en arts
L’exposition « No man is an island » met à l’honneur le travail artistique des étudiants de l’École supérieure d’arts plastiques. Enchantement garanti jusqu’au 24 septembre
Se questionner sur l’immensité du monde. En vidéo, en se déguisant ou en peignant. Tel est le défi lancé et réalisé avec brio par les étudiants diplômés de la dernière promotion de l’École supérieure d’Arts de la ville de Monaco à travers l’exposition No man is an island, présente jusqu’au 24 septembre à la salle d’exposition du Jardin exotique. Une date tout sauf innocente : elle marquera la transition avec la 22e journée européenne du patrimoine, ce même dimanche 24 septembre. Les oeuvres exposées ont été validées par un jury d’experts présidé par Stéphanie Jamet, docteur en histoire de l’art, historienne de l’art contemporain et professeur à l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Besançon.
Déguisement et terrain vague
Quoi de mieux que la présence de deux artistes impliqués dans ce projet pour comprendre les oeuvres exposées ? Axelle Terrier et Eddy Achard, tous deux diplômés du Pavillon Bosio, ont joué les guides pour Monaco-Matin dans une salle à la disposition revue et corrigée pour les besoins de l’expo. La première est une inconditionnelle du premier album de Patti Smith, intitulé Horses et de l’oeuvre cinématographique de Jean-Charles Hue, dont l’incontournable Mange tes morts . Une influence multiculturelle perceptible dans ses travaux. L’artiste s’invite à l’improviste dans le Moto club de Monaco, à l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer ou dans un bureau de tabac. Jusqu’ici, rien de déroutant. Sauf que la Sarthoise de Tuffé-Val-dela-Chéronne, « un coin pas vraiment connu », s’y infiltre incognito, cagoule enfoncée par-dessus sa nuque rasée. Sans compter les tours à moto au-dessus
de Monaco, le tout entièrement filmé. « La vidéo est le moyen d’expression qui me permet de transmettre toutes mes sensations ressenties au contact de l’être humain, de l’inconnu », explique Axelle Terrier, ancienne stagiaire de David Legrand, artiste et professeur à l’Ensa de Bourges. « Après mon passage à Bourges, je me suis dit : je peux le faire aussi », complète cette jeune femme à la première rencontre. La projection de sa vidéo est visible dans une salle sombre située dans le fond de l’espace. Un compte à rebours de cinq minutes est affiché à l’écran dès la fin de la projection, comme pour inciter le visiteur à se retourner vers l’autre vidéo et peinture à la gouache sur papier de la pièce,
« Clubbism », au milieu du XXIIIe siècle, pensée et réalisée par Jérémy Griffaud.
Chimère à cinq pattes
Le travail de son acolyte du jour, Eddy Achard, tire davantage vers la scénographie, avec ni plus ni moins que la création d’un spectacle intitulé La Battue. La scène se déroule sur un terrain vague à l’issue d’une chasse à courre. Les spectateurs, assis sur des chaises en plein milieu d’un terrain vague, guettent au loin un véhicule. « À l’intérieur, deux participants de la battue. Ils s’arrêtent pour exposer leur butin : une chimère à cinq pattes, plus qu’un animal reconnaissable, visiblement morte. Mais la bête se réveille… », expose avec minutie ce Lyonnais passé par les
Beaux-Arts de Lyon. Eddy Achard complète son travail avec une toile en plastique, la bête en contrebas. « Je voulais montrer les limites de cette pratique en prenant appui sur la toile La Chasse de nuit de l’artiste italien Paolo Uccello. J’apprécie tout particulièrement son travail», avoue-t-il.
Touristes et cadre particulier
La présence du travail remarquable des étudiants de la dixième promotion du diplôme national supérieur d’expression plastique marque la première collaboration entre l’École d’arts plastiques et le Jardin exotique. «Le travail des étudiants bénéficie d’une exposition unique, en collaboration avec la mairie et le gouvernement, avec un passage important de touristes dans un cadre particulier », indique Françoise Gamerdinger, adjointe déléguée à la Culture de la mairie de Monaco, dont dépend l’école d’art. Cet établissement, dont l’entrée peut s’effectuer dès la sortie du lycée ou au niveau licence, jouit d’une reconnaissance en France grâce à un accord bilatéral. L’idée d’une exposition est aussi née de la rencontre entre les étudiants et le collectif parisien de promotion de la création artistique par la réalisation d’expositions, « Mathilde Expose ». Une rencontre à travers les frontières, symbole supplémentaire du degré universel qui habite les étudiants du Pavillon Bosio.