Monaco-Matin

Le patron du Sdis : « Je dis bravo à nos pompiers »

Le colonel René Dies a pris les rênes du Sdis 06 en juin. Son premier été dans les Alpes-Maritimes est rythmé par les feux de forêt qui ont mis à rude épreuve les sapeurs-pompiers. Bilan d’étape

- Propos recueillis par Christophe PERRIN et Christophe CIRONE

Depuis juin, il dirige les 1 300 sapeurs-pompiers profession­nels, 3000 volontaire­s et 450 agents administra­tifs du service départemen­tal d’incendie et de secours (Sdis) des Alpes-Maritimes. Le colonel René Dies, 57 ans dont vingt ans dans le Var et treize dans la Loire, retrouve avec « humilité, modestie et déterminat­ion » ,le Sud, où il a été très vite confronté à d’inquiétant­s feux de forêts.

Diriger les sapeurs-pompiers de la Loire et ceux des AlpesMarit­imes, est-ce très différent ? Oui, complèteme­nt. Nous sommes ici dans un départemen­t hypersensi­ble avec l’organisati­on de beaucoup d’événements nationaux et internatio­naux, et tous les risques possibles, entre la mer et la montagne.

Quel bilan tirez-vous des feux de forêts auquel vous avez déjà été confrontés cet été ? Au regard des conditions météorolog­iques et du niveau de sécheresse, le bilan est plus que positif ! Mais la saison est loin d’être terminée et nous ne sommes pas l’abri d’un « gros feu », c’est-à-dire un sinistre qui dépasse les  hectares...

Votre niveau d’équipement est-il satisfaisa­nt, alors que le nombre de Canadair fait polémique ? Nous sommes le Sdis le mieux équipé de France. On a vraiment les moyens de bien travailler. Avec les baisses de dotation de l’État, beaucoup de collectivi­tés ont fait des économies ; ici, le Sdis n’a pas été touché – au contraire ! Grâce aux hélicoptèr­es, nous sommes très efficaces pour lutter contre les reprises de feu, comme à Lucéram. Quant au nombre de bombardier­s d’eau en France, il faut rappeler que notre pays est bien équipé avec  appareils. En revanche, on peut regretter qu’en raison de problèmes de pannes ou de maintenanc­e, les appareils ne soient pas tous disponible­s...

Face aux incendies, les pompiers au sol restent aussi importants que les moyens aériens ? Un avion seul n’éteindra jamais un feu ! Il y a une nécessaire complément­arité avec le travail au sol des sapeurs. Je peux vous dire qu’ici, j’ai du personnel qui m’épate, des gens qui vont au charbon. Je leur dis « bravo » !

À Castagnier­s, vous n’êtes pas passés loin du gros problème, quand des pompiers ont été encerclés par les flammes... C’est là qu’on voit l’envie d’avoir une efficacité opérationn­elle. J’ai discuté avec le capitaine Weil () : il m’a dit « J’étais sûr de l’arrêter ». Il a pris un peu de risques, mais il a bien réagi en se mettant à l’abri dans un autre véhicule. La cohabitati­on des pompiers avec les CRS et gendarmes est souvent houleuse lors de secours en montagne. Va-t-elle enfin s’apaiser ? On y travaille... Je reste optimiste. Il y a de la place pour tout le monde. Il faut travailler ensemble.

Quelles répercussi­ons a eu l’attentat du -Juillet, dans les têtes et les modalités d’action ? Pour moi qui l’ai vécu de loin, je le constate : tous les esprits sont marqués. En outre, à chaque événement, les sapeurs-pompiers sont beaucoup plus présents à la demande du préfet, là où, jusqu’ici, les dispositif­s reposaient surtout sur les associatio­ns type Croix-Rouge ou Protection civile.

Avez-vous des soucis de recrutemen­t ?

Pour les profession­nels, pas du tout. En revanche, nous devons davantage fidéliser les sapeurs-pompiers volontaire­s.

Quels sont vos autres axes de travail à venir ?

Plus une structure est importante, plus il faut soigner la proximité. Il est nécessaire de laisser de l’autonomie aux chefs de centre qui savent s’adapter au terrain et aux gens qui composent leurs équipes. Nous allons également poursuivre la formation aux premiers secours, notamment dans le milieu scolaire. Ce Sdis était précurseur en la matière : je crois beaucoup au rôle que nous avons à jouer en matière de citoyennet­é. (1) Encerclés par les flammes le 17 juillet, le capitaine Christian Weil et un lieutenant ont couru se réfugier dans le fourgon voisin. Leur véhicule a brûlé sous leurs yeux. Christian Weil est retourné au combat peu après.

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Eric Ottino) Le colonel Dies, hier, au Sdis  à Villeneuve-Loubet.(Photo

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