Le patron du Sdis : « Je dis bravo à nos pompiers »
Le colonel René Dies a pris les rênes du Sdis 06 en juin. Son premier été dans les Alpes-Maritimes est rythmé par les feux de forêt qui ont mis à rude épreuve les sapeurs-pompiers. Bilan d’étape
Depuis juin, il dirige les 1 300 sapeurs-pompiers professionnels, 3000 volontaires et 450 agents administratifs du service départemental d’incendie et de secours (Sdis) des Alpes-Maritimes. Le colonel René Dies, 57 ans dont vingt ans dans le Var et treize dans la Loire, retrouve avec « humilité, modestie et détermination » ,le Sud, où il a été très vite confronté à d’inquiétants feux de forêts.
Diriger les sapeurs-pompiers de la Loire et ceux des AlpesMaritimes, est-ce très différent ? Oui, complètement. Nous sommes ici dans un département hypersensible avec l’organisation de beaucoup d’événements nationaux et internationaux, et tous les risques possibles, entre la mer et la montagne.
Quel bilan tirez-vous des feux de forêts auquel vous avez déjà été confrontés cet été ? Au regard des conditions météorologiques et du niveau de sécheresse, le bilan est plus que positif ! Mais la saison est loin d’être terminée et nous ne sommes pas l’abri d’un « gros feu », c’est-à-dire un sinistre qui dépasse les hectares...
Votre niveau d’équipement est-il satisfaisant, alors que le nombre de Canadair fait polémique ? Nous sommes le Sdis le mieux équipé de France. On a vraiment les moyens de bien travailler. Avec les baisses de dotation de l’État, beaucoup de collectivités ont fait des économies ; ici, le Sdis n’a pas été touché – au contraire ! Grâce aux hélicoptères, nous sommes très efficaces pour lutter contre les reprises de feu, comme à Lucéram. Quant au nombre de bombardiers d’eau en France, il faut rappeler que notre pays est bien équipé avec appareils. En revanche, on peut regretter qu’en raison de problèmes de pannes ou de maintenance, les appareils ne soient pas tous disponibles...
Face aux incendies, les pompiers au sol restent aussi importants que les moyens aériens ? Un avion seul n’éteindra jamais un feu ! Il y a une nécessaire complémentarité avec le travail au sol des sapeurs. Je peux vous dire qu’ici, j’ai du personnel qui m’épate, des gens qui vont au charbon. Je leur dis « bravo » !
À Castagniers, vous n’êtes pas passés loin du gros problème, quand des pompiers ont été encerclés par les flammes... C’est là qu’on voit l’envie d’avoir une efficacité opérationnelle. J’ai discuté avec le capitaine Weil () : il m’a dit « J’étais sûr de l’arrêter ». Il a pris un peu de risques, mais il a bien réagi en se mettant à l’abri dans un autre véhicule. La cohabitation des pompiers avec les CRS et gendarmes est souvent houleuse lors de secours en montagne. Va-t-elle enfin s’apaiser ? On y travaille... Je reste optimiste. Il y a de la place pour tout le monde. Il faut travailler ensemble.
Quelles répercussions a eu l’attentat du -Juillet, dans les têtes et les modalités d’action ? Pour moi qui l’ai vécu de loin, je le constate : tous les esprits sont marqués. En outre, à chaque événement, les sapeurs-pompiers sont beaucoup plus présents à la demande du préfet, là où, jusqu’ici, les dispositifs reposaient surtout sur les associations type Croix-Rouge ou Protection civile.
Avez-vous des soucis de recrutement ?
Pour les professionnels, pas du tout. En revanche, nous devons davantage fidéliser les sapeurs-pompiers volontaires.
Quels sont vos autres axes de travail à venir ?
Plus une structure est importante, plus il faut soigner la proximité. Il est nécessaire de laisser de l’autonomie aux chefs de centre qui savent s’adapter au terrain et aux gens qui composent leurs équipes. Nous allons également poursuivre la formation aux premiers secours, notamment dans le milieu scolaire. Ce Sdis était précurseur en la matière : je crois beaucoup au rôle que nous avons à jouer en matière de citoyenneté. (1) Encerclés par les flammes le 17 juillet, le capitaine Christian Weil et un lieutenant ont couru se réfugier dans le fourgon voisin. Leur véhicule a brûlé sous leurs yeux. Christian Weil est retourné au combat peu après.