Il promenait son chien en exhibant son sexe…
Le 15 août dernier, deux touristes allemandes ont signalé la présence d’un homme dans la rue avec le sexe à l’air. Le tribunal l’a condamné hier à trois de prison avec sursis
Il travaille au sein de l’Éducation nationale de Monaco. Résident de la Principauté, âgé de 36 ans, marié et père de famille, il aime divaguer avec son chien dans les rues de son quartier. Rien de plus normal. À ceci près : il se promène avec le sexe bien en évidence hors du pantalon ! On comprend alors la stupeur de deux touristes allemandes face à une telle indécence au moment de se renseigner sur le stationnement payant par horodateur dans la rue Bellevue, le 15 août dernier, vers 17 heures. Au point d’aller raconter leur mésaventure à la Sûreté publique.
« C’est le burn-out »
C’est la raison pour laquelle le coupable s’est retrouvé, hier, à la barre du tribunal correctionnel. À la manière de Socrate, le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle pratique l’art de la maïeutique avec une série de questions. « Pourquoi promener votre animal avec le risque de voir votre verge ? » L’intéressé, loin d’être complexé au moment des faits, était en quête « d’adrénaline »… Encore un obsédé qui cherche à se faire remarquer ? Plutôt les conséquences d’un épuisement professionnel. «C’est le burn-out (sic), le surmenage avec un père malade. C’est vrai, j’ai des pulsions ! Je suis sorti une dizaine de fois avec un pantacourt, la braguette ouverte et cassée, sans sousvêtement. Ce 15 août je me suis fait prendre… » Les plaignantes étant absentes à l’audience, leur version passera par le PV de police lu par le magistrat. « Elles racontent leur surprise d’avoir aperçu votre priape… “Quand nous sommes parties, cet homme nous a suivies, puis, honteux, il s’est caché derrière un container à poubelles. Quand il a vu les policiers, il est rentré chez lui en courant.” Ces deux femmes donnent votre description physique et les enquêteurs remontent rapidement jusqu’à vous. Le psychiatre du CHPG vous décrit avec une tendance à la victimisation et une frustration professionnelle. Vous avez pensé vous soigner ? » Le prévenu a pris conscience du problème… « Depuis hier, j’ai entamé un traitement avec un psychologue. Je reconnais que j’étais habillé d’une façon inappropriée… » Suivront les réflexions pertinentes de la magistrate du parquet dans ses réquisitions : « Se balader en ville avec son sexe : tout le monde pouvait le voir ! Monsieur essaie de comprendre les raisons de son exhibition. Une réponse doit être apportée rapidement devant de tels faits, estime le procureur Cyrielle Colle. La délivrance d’une certaine liberté avec une sanction adaptée et ce comportement devrait cesser ! Les conséquences professionnelles s’ajouteront aux garde-fous d’une pulsion qu’il faudra contrôler et soigner. Quatre mois d’emprisonnement avec sursis : il y pensera chaque fois qu’il se vêtira… »
« Un homme anéanti »
La défense essaiera de minimiser, avec une aisance certaine, les faits comme la responsabilité. « Mon client reconnaît son comportement sans ambiguïté. Mais ce n’est pas une personne aux déviances dangereuses. Il a un casier judiciaire vierge. En fait, on est aux prémices d’un attentat à la pudeur. Car on peut voir son sexe sans qu’il l’exhibe… C’est un homme anéanti. Il a honte ! Il se retrouve en pleine incompréhension. Cette fragilité va s’accroître avec la perte probable de son emploi. Sans oublier les conséquences au sein de son couple, et dans son entourage d’être traité de pervers. Le sursis et une obligation de soins sont les réponses les plus adaptées ! » Le tribunal s’inspirera des réquisitions du ministère public avec une peine de trois mois de prison assortie du sursis et la liberté d’épreuve pendant trois ans.