Monaco-Matin

Hôtel sous haute tension

- C. C.

Sarajevo 2014. Au moment où l’Hôtel Europe accueille une importante délégation de diplomates réunis pour le centenaire du début de la Première Guerre mondiale, les employés préparent une grève. L’hôtel devient le théâtre d’un conflit social, idéologiqu­e et politique et les tensions menacent dangereuse­ment de perturber le dîner de gala. Adaptation libre et finalement éloignée – si l’on excepte la présence de Jacques Weber en pleine répétition dans sa suite – de la pièce Hôtel Europe imaginée par Bernard-Henri Levy, le huis clos installé par Danis Tanovic s’impose comme une étude pertinente de la situation en Bosnie Herzégovin­e. Sans jamais renier le douloureux passé, remémoré par le procédé astucieux d’une interview télé réalisée sur le toit de l’immeuble, surplomban­t la ville en reconstruc­tion, on assiste à une multitude de chassés croisés et de relations tendues qui s’inscrivent au présent. Le climat social, bouillant, accentué par l’intimidati­on morale et physique d’un patronat envers des employés à la situation précaire, est palpable. Complément parfait de No Man’s Land qui avait révélé le cinéaste à Cannes en 2001, Mort à Sarajevo joue habilement sur l’aspect choral, par une caméra qui serpente entre les chambres luxueuses jusqu’aux sous-sols plus lugubres. Un travail solide, rondement mené, où la théorie reste visible mais ne sacrifie ni les personnage­s, ni le propos. Efficacité d’une analyse qui a permis à Danis Tanovic de récolter le Grand Prix du Jury à la dernière Berlinale.

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