Sécurité des ferries à Nice: le quartier du Port suffoque
Depuis l’instauration de nouvelles mesures liées à l’embarquement des voitures, les embouteillages asphyxient la circulation. En parallèle, les événements culturels sont annulés les uns après les autres
Au port Lympia, l’été a des parfums de pots d’échappement. « En mangeant en terrasse, je pense avoir avalé plus de pollution que de nourriture », s’offusque Chantal Briens, salariée du Corsaire. Le restaurant est au front des nouvelles mesures de sécurité. Depuis le 10 juillet, la préfecture impose un contrôle renforcé et une heure d’arrivée avancée aux véhicules sur le point d’embarquer pour la Corse. À l’entrée de la zone portuaire, au bout du quai des Deux-Emmanuels. Résultat, en attendant de pénétrer l’enceinte, les moteurs tournent, les klaxons retentissent, les véhicules s’agglutinent. Encore et encore : «Un ferry, c’est 500 voitures sur le point d’embarquer. Deux ou trois en même temps et ça fait des files jusqu’à la place Arson ! », mime la gérante, Antonella Lopetrone, d’un grand geste de la main.
« Une catastrophe »
Entrée quai des Deux-Emmanuels, sortie Boulevard Stalingrad, direction le tunnel… La CCI, concessionnaire, a beau avoir tenté de canaliser le problème, le mal s’étend : « C’est une catastrophe, qui crée des bouchons d’une demi-heure dans toute la zone » , résume Hervé Martinez, boulanger installé rue Cassini. Fataliste, le président de l’association des commerçants du quartier hausse les épaules : « Daesh nous pourrit la vie au quotidien.» Le port de Nice, c’est l’histoire d’une cohabitation entre les riverains et le tourisme de masse. Avec un mélange des genres limité : « Ceux qui partent pour la Corse ne s’arrêtent pas chez nous. À moins que les bateaux soient en retard », ironise Chantal Briens. « Nous, on s’en fout de la circulation. Tout ce qu’on veut, c’est nourrir nos dix salariés, relativise Laurent, du Lunel, sur le quai opposé au Corsaire. Cette année, les départs sont mieux répartis. On en profite.»
Fréquentation en baisse
L’équilibre de la cohabitation serait-il rompu, au profit du tourisme à grande échelle ? «La CCI favorise les gros paquebots », lance amèrement une serveuse. « Il y a plus de bateaux que l’année dernière », interprète un marin. En matière de circulation les apparences sont trompeuses : le chiffre étalon qu’avancent les riverains, 500 véhicules par ferry, c’est un scénario de réservations complètes. Or : « Au niveau des passagers, le port de Nice est en baisse de 20 % par rapport à l’année dernière », selon Fabien Paoli. Le président de Moby Lines est lui-même déçu des chiffres de sa compagnie : «30à35%detauxde remplissage », pour leur première véritable saison estivale à Nice Bref, les mesures de sûreté font grand bruit alors que la saison est mauvaise. Imaginez si elle battait son plein… Selon nos informations, le port serait en train de revoir sa copie. Sollicitée, la CCI ne s’est pas prononcée sur le sujet. 1. L’entreprise s’est lancée l’année dernière à Nice, mais un incendie sur le Moby Zaza a mis à mal son année 2 016.